Pour la santé et pour les médecins de ville, la dernière année de Marisol Touraine sera-t-elle la bonne… ou celle de trop ? C’est la question que l’on peut se poser alors que la ministre a été reconduite quasiment poste pour poste à l’issue du remaniement. Demi-surprise en vérité, tant les rumeurs de changement étaient inexistantes du côté de Ségur, mais qui, quatre ans après sa nomination, pose forcément la question de l’usure du pouvoir à ce portefeuille exposé. Certes, on objectera que Marisol Touraine n’est pas la seule à additionner une telle longévité à la Santé. Avant elle, Simone Veil, Jacques Barrot, Bernard Kouchner, Philippe Douste-Blazy et Xavier Bertrand ont tenu plus longtemps. Mais ce fut en plusieurs fois, et tous – hormis parfois le volcanique Barrot – jouissaient peu ou prou de relations apaisées avec les blouses blanches, ce qui est loin d’être le cas pour l’actuelle ministre…
Les conditions de son maintien interrogent également. Comme s’il s’agissait pour tout le monde d’un choix par défaut. Pour le gouvernement qui, à la faveur d’un changement avenue de Ségur, aurait plus facilement ouvert une nouvelle séquence avec le corps médical. Mais aussi pour l’intéressée elle-même qui – ce n’est un mystère pour personne – se rêvait plutôt dans la peau d’une ministre de la Défense, de la Justice ou des Affaires Étrangères… C’est ainsi, les politiques ont la bougeotte. Et Marisol Touraine ne fait pas exception à la règle… Il se trouve que côté médecins libéraux aussi, on n’aurait pas été fâché de la voir s’en aller. Éreintée par l’affaire du TPG, affublée de quolibets parfois peu flatteurs, la ministre va donc jouer les prolongations, pas forcément dans les meilleures conditions.
Dans ce contexte difficile, vos syndicats n’ont pourtant guère réagi à son renouvellement. Blasés ? Prudents ? Les deux peut-être. En ce début 2016, la phase qui s’ouvre est, en effet, cruciale. Au lendemain de la censure partielle du Conseil constitutionnel sur le TPG et de la Grande conférence de santé, il s’agit malgré tout de renouer avec les pouvoirs publics à la faveur des négociations sur la nouvelle convention qui débutent mercredi. Ça part plutôt bien. Pour la première fois, vos représentants feront état ce vendredi de propositions communes. Et le gouvernement ne semble pas hostile à des revalorisations… Entre les médecins et leur ministre, c’est la dernière occasion de renouer. Mais, dans cette ambiance post-réforme et préélectorale, de part et d’autre, il va falloir jouer serré.
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