«L E prolapsus valvulaire mitral est une affection dont la fréquence et la gravité sont moindres que les notions classiques le laissaient supposer. » Ces propos rassurants concluent la communication de M. Pornin, J. Allal, J.-Y. Le Heuzey et L. Guize aux Entretiens de Bichat sur la prévalence et le risque de cette affection. De fait, l'adoption récente de nouveaux critères échographiques rigoureux a autorisé une nouvelle évaluation de la fréquence du prolapsus de la valve mitrale.
Tout d'abord, il faut savoir que le diagnostic est considéré comme certain lorsque le déplacement (dans l'oreillette gauche) des feuillets mitraux en systole dépasse 2 mm. Lorsque l'épaisseur ne dépasse pas 5 mm, il s'agit d'une forme dite non classique ; au-delà, on parle de formes « classiques ». La ballonisation isolée avec coaptation de feuillets non épaissis et déplacés de moins de 2 mm n'est pas un prolapsus, il s'agit d'une variante de la normale.
Une prévalence de 2,4 % de la population adulte
Selon l'étude Freed, menée en 1999 (au sein de l'étude Framingham), les auteurs relèvent une prévalence de 1,3 % de formes classiques et 1,1 % de formes non classiques. Soit une prévalence de 2,4 % de la population adulte, les hommes étant aussi touchés que les femmes. Les discordances avec les études antérieures (prévalence de 5 à 15 %) s'expliqueraient par des recrutements réalisés dans des populations à risque et des critères échographiques moins rigoureux.
La gravité des prolapsus a été probablement surestimée jusqu'à présent. Dans le travail de 1999, douleur thoracique et dyspnées sont aussi fréquentes que dans la population générale. Les complications sont rares (pas d'insuffisance cardiaque, 1,2 % de FA, 1,2 % d'AVC) et de même fréquence que dans la population générale.
Un épaississement des feuillets supérieur à 5 mm
Cependant, les auteurs de la présentation précisent que, faute d'études suffisantes, il est difficile d'être aussi optimiste devant un épaississement des feuillets supérieur à 5 mm. Dans ces formes « classiques », les études relèvent de 7 à 11,9 % d'insuffisance mitrale (la cause la plus fréquente dans les pays développés) ; plus de 3 % d'endocardites infectieuses ; une fréquence élevée d'arythmies auriculaires ou ventriculaires (de 20-30 à 40-90 %, selon les études). Le risque de mort subite, enfin, 0,1 %, est similaire à celui de la population générale.
Le risque de complications est globalement de 0,3 à 1 % par an. il peut augmenter jusqu'à 4 % dans les formes graves.
Des implications thérapeutiques découlent de ces analyses statistiques. Il convient de rassurer les patients porteurs de formes bénignes, de traiter les symptômes (bêtabloqueurs), de ne pas négliger l'antibioprophylaxie de l'endocardite infectieuse, de contrôler les troubles du rythme graves. La chirurgie, enfin, peut être proposée dans les insuffisances mitrales symptomatiques et/ou volumineuses. Même en l'absence de symptômes, l'indication opératoire peut être posée si la plastie mitrale est jugée facilement réalisable avec un risque faible (< 2 %). La surveillance attentive des patients est donc la règle.
Communication du 11 septembre 2001.
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