EN DÉCEMBRE 2003, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Onusida se sont associés pour faire de l'accès aux antirétroviraux (ARV) dans les pays en développement une urgence mondiale. L'objectif du programme, baptisé « 3x5 », est clairement énoncé : traiter 3 millions de personnes d'ici à 2005. Un an après, le rapport publié par les deux organisations sous le titre « Le point sur l'épidémie de sida, décembre 2004 » dresse un bilan plutôt optimiste de la situation du programme à mi-parcours. « Des progrès spectaculaires ont été accomplis ces six derniers mois », y est-il indiqué.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Entre juin et décembre 2004, le nombre de personnes sous ARV est passé de 440 000 à 700 000, soit un accroissement de près de 60 %.
Quelque 40 000 à 50 000 nouveaux patients ont été mis sous ARV. « Cette tendance à la hausse a été particulièrement marquée dans les pays d'Afrique subsaharienne, où le nombre de personnes sous traitement a doublé », affirment les auteurs du rapport. En six mois, le nombre de personnes traitées a doublé (de 150 000 à 310 000). Les ARV sont disponibles dans plus de 700 établissements.
En Asie de l'Est, du Sud et du Sud-Est, 100 000 personnes sont traitées, soit également deux fois plus qu'il y a six mois. L'essentiel de l'accroissement s'est produit en Thaïlande, où l'accès a été étendu à tous les districts et où plus de 900 sites assurent les traitements.
En Amérique latine et dans les Caraïbes, le Brésil a donné l'exemple. L'accès au traitement continue de progresser, avec une couverture supérieure à 50 % dans neuf pays de la région.
Les progrès en Europe de l'Est et en Asie centrale restent encore très modestes. Quelque 15 000 personnes y bénéficient d'un traitement, tandis qu'en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, les données manquent pour évaluer de manière précise les stratégies d'accès au traitement.
Selon l'OMS et l'Onusida, une des clés du succès tient, d'une part, à l'engagement public des gouvernements des pays touchés, qui ont fait des interventions VIH/sida une priorité fiscale et un thème de vulgarisation constant, et, d'autre part, à la puissante mobilisation internationale, secteur privé et public confondus.
Deux milliards de dollars supplémentaires.
Cependant, il ne s'agit pas d'en rester là. Le chiffre de 700 000 ne représente que 12 % des quelque 5,8 millions de personnes qui ont aujourd'hui besoin d'être traitées. Les grands donateurs « doivent désormais passer à la vitesse supérieure », insistent les auteurs. Environ 2 milliards de dollars de financement ferme sont encore nécessaires pour atteindre l'objectif des 3 millions de personnes sous ARV. Le coût des ARV pour les pays et les individus demeure toujours un « sujet particulièrement préoccupant », notent-ils encore.
Cette question est d'autant plus importante qu'un grand nombre de données attestent les taux de succès des traitements qui sont aussi bons dans les pays en développement que dans les pays industrialisés. L'observance des schémas thérapeutiques atteint 90 %, les taux de survie dépassent 90 % après un an et 80 % après deux ans de traitement. Le rapport insiste aussi sur la nécessité de prendre en compte les questions relatives aux femmes et aux jeunes filles, aux pauvres et aux groupes marginalisés. Il rappelle que, dans les pays en développement, les femmes représentent 57 % des adultes vivant avec le VIH. Selon les données disponibles, les femmes et les hommes sont à peu près également représentés dans la population sous traitement, dans la plupart des pays. En Namibie, elles sont cependant plus favorisées alors que, au Honduras et en Inde, elles sont sous-représentées. Les programmes doivent aussi veiller à étendre l'accès aux zones rurales défavorisées. Les auteurs font remarquer « que le nombre de personnes sous ARV s'est accru rapidement en Zambie après la suppression du paiement par le patient, et notamment parmi les femmes, ce qui montre combien il est important de réduire les obstacles économiques à l'accès au traitement ». Des réponses spécifiques doivent encore être trouvées pour atteindre les professionnels du sexe, les utilisateurs de drogues injectables, les hommes qui ont des rapports homosexuels.
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