Ariel Sharon a promis de retirer ses forces de Cisjordanie : il ne peut pas, de toute façon, les y laisser indéfiniment car les Etats-Unis ne le veulent pas.
Entre-temps, la campagne militaire qui a suivi l'assassinat du ministre israélien du Tourisme, Rehavam Zeevi, aura fait des ravages. M. Sharon annonce « des arrestations importantes » susceptibles de diminuer le nombre des attentats en Israël, mais la tension est à son comble, comme n'importe qui pouvait le prévoir au lendemain du meurtre de M. Zeevi, commis par le FPLP, mouvement terroriste laïque mis hors la loi par l'Autorité palestinienne.
M. Sharon continue à bénéficier d'un très large soutien populaire en Israël où existe cependant une majorité en faveur de la création d'un Etat palestinien. Il n'y a pas beaucoup de cohérence dans les données : la violence a pris le pas sur le raisonnement.
On aura lu avec énormément d'intérêt l'appel lancé aux deux parties dans « le Monde » par notre ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine. Pour une fois, la diplomatie française ne peut pas être prise en flagrant délit de partialité. M. Védrine exprime en des termes non dénués d'émotion un certain accablement ; ce qui ne l'empêche pas de raisonner à la fois Yasser Arafat et Ariel Sharon, engagés tous deux dans une partie où ils finiront par être également perdants.
Effectivement, M. Sharon, qui a minimisé la tension entre Israël et les Etats-Unis, doit comprendre qu'il ne peut pas compliquer la tâche du président Bush. Les Etats-Unis ont formé une coalition antiterroriste avec le concours de bon nombre de pays arabes ; elle volera en éclats si l'armée israélienne poursuit ses actions dans les territoires. M. Arafat ne peut pas prétendre qu'il fait partie de la même coalition s'il tolère les assassinats d'Israéliens.
On conviendra que le président de l'Autorité palestinienne ne réprimera pas les mouvements palestiniens extrémistes sans risquer sa tête. Il ne contrôle pas vraiment ce qui se passe dans les territoires et M. Sharon, qui ne cesse d'accuser M. Arafat, devrait s'en convaincre. Mais, pour M. Arafat, c'est l'heure de prendre des risques, de toute façon moins graves qu'une conflagration.
M. Bush a fait preuve d'une immense patience et, comme il a sur les bras des problèmes encore plus graves, il va être amené, contrairement à ce qu'affirme M. Sharon, à intervenir directement. MM. Arafat et Sharon ont des positions tellement éloignées qu'un cessez-le-feu est bien improbable, a fortiori un accord négocié. Un seul recours : une solution imposée par la communauté internationale et dont les deux parties devront se satisfaire, quelles que soient leurs réticences. Ce sera une tâche ardue, impliquant une action concertée des Etats-Unis et de l'Europe sous l'égide des Nations unies, et l'établissement d'un cordon sanitaire assuré par un contingent de l'ONU entre Israël et le futur Etat palestinien.
Personne n'y croit ? Personne ne peut admettre en tout cas que se poursuive un carnage qui n'a aucun sens et risque d'entraîner non seulement un conflit régional mais une recrudescence du terrorisme. Il y a un prix pour tout accord de paix. Israël et les Palestiniens devront le payer.
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