UNE « DROLE DE GUERRE » s'installe entre les partisans de la nouvelle convention et ceux qui la rejettent.
Après avoir fourbi leurs armes et leurs arguments, les deux camps s'efforcent de mobiliser et de convaincre par tous les moyens, persuadés que les mois qui viennent seront décisifs.
Fer de lance des opposants, MG-France a confirmé son « non » à... 98 % des voix lors de sa dernière assemblée générale. En rang serré, le syndicat des généralistes a durci le ton (gel total du retour des formulaires, arrêt de la permanence des soins de nuit) et tente de fédérer les organisations mécontentes au sein d'un front des « anti ». Après la manifestation parisienne du 22 janvier, qui n'avait réuni que 1 000 à 3 000 médecins selon les sources, une deuxième journée de mobilisation est programmée pour le samedi 5 mars, à l'initiative des internes de médecine générale. Reste à savoir si la profession répondra à ce nouvel appel. Pour l'instant, en tout cas, il n'est pas question pour les pouvoirs publics de renégocier quoi que ce soit.
Bien qu'elle ait affirmé son hostilité à la convention, la FMF ne se reconnaît pas dans cette logique « frontale ». Elle n'a pas appelé au boycott des formulaires de choix du médecin traitant. « Notre combat n'est ni hargneux ni jusqu'au-boutiste, précise le Dr Jean-Claude Régi, président de la FMF. Nous expliquons notre position, mais de là à ne pas concrétiser le rapport de confiance médecin/patient, c'est autre chose. »
Tour de France et « Rocky » en surprise du chef.
Les défenseurs de la convention affichent leur totale détermination.
L'assurance-maladie est déjà engagée dans une opération de communication sans précédent. Outre les deux plates-formes téléphoniques nationales dédiées aux assurés (3 500 appels quotidiens) et aux professionnels (150 appels par jour), la caisse publie, semaine après semaine, le nombre des formulaires sur le médecin traitant renvoyés par les assurés. Nul doute que le premier million d'inscrits sera fortement médiatisé. Une façon de montrer, chiffres à l'appui, que les nouveaux parcours de soins vont se généraliser. Ce n'est pas tout : 700 délégués des caisses iront « vendre » la convention dans les cabinets des médecins libéraux, et en particulier des généralistes (« le Quotidien » du 8 février).
Le directeur de l'assurance-maladie met les bouchées doubles pour ne pas retarder la déclinaison des volets de la réforme. C'est dans cet esprit qu'il a présenté hier un « plan national de contrôle et de lutte contre les fraudes » pour cette année (voir page 5).
De leur côté, les responsables des syndicats signataires, majoritaires, vont mouiller leur chemise. Le Dr Dinorino Cabrera, président du SML, se lance dans un tour de France conventionnel pour répondre aux questions de « tous les médecins qui s'interrogent ». Une première réunion s'est tenue hier soir à Paris, une deuxième est prévue demain, à Grimaud, dans le Var (83). Le Dr Cabrera n'exclut pas non plus de « jouer les téléopérateurs » en répondant en direct aux questions de ses confrères.
A la demande des départements, le bureau national de la Csmf va, lui aussi, « parcourir » les régions pour expliquer la réforme aux médecins jusqu'à la fin du mois d'avril. Une dizaine de réunions sont dans les tuyaux à Lyon, Bordeaux, Bourges, Yvetot... Cerise sur le gâteau : le directeur de l'assurance-maladie, Frédéric van Roekeghem, pourrait participer à certains de ces déplacements pour montrer la force de l'« axe » conventionnel forgé par la Csmf.
Parallèlement, les syndicats signataires et la caisse poursuivent « pierre par pierre » leur programme de travail. Une réunion de « suivi » de la convention est prévue ce matin. Plusieurs éléments doivent en effet être négociés avant le 1er mars : les conditions de la cotation C2 pour les anesthésistes ; les modalités de l'accès spécifique pour les psychiatres ; ou encore des mesures de nomenclature pour les spécialistes en anatomocytopathologie. Et avant le 15 mars, c'est tout le dispositif de la PDS ambulatoire qui doit être mis sur pied.
Dès ce soir, l'assurance-maladie et les syndicats se retrouvent pour tenter de lever les blocages au démarrage officiel de la Ccam technique. Le maintien du calendrier prévu, au 1er mars, serait un signe positif envoyé aux spécialistes. Un énième report, à l'inverse, serait très malvenu.
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