LES FORMES les plus habituelles dans ce domaine restent le comprimé et la gélule. Les progrès de la recherche galénique ont permis la mise au point de formes adaptées aux caractéristiques de son principe actif et aux modalités souhaitées de sa délivrance. Des formes permettant la libération lente du principe actif ont permis la mise à disposition de médicaments à forme retard ou à longue durée d'action. Ces formes ont été particulièrement adaptées aux antagonistes calciques, dont le principe actif est en règle générale doté d'une durée d'action courte.
Des microbilles enrobées séparément.
Dans le même ordre d'idées, des microbilles de métoprolol et de félodipine ont pu être enrobées séparément dans une membrane constituée d'un polymère et placées dans un comprimé constitué d'une matrice de gel. Cette galénique originale a permis d'obtenir des comprimés retard à partir de deux principes actifs dotés d'une durée d'action courte. Ce type de mise au point galénique n'est pas nécessaire pour les antagonistes des récepteurs de l'angiotensine II (ARA II), qui sont dotés d'une durée d'action prolongée. De même, les statines ont des durées d'action qui ne rendent pas nécessaire la conception d'un système de délivrance prolongée.
Concernant les dérivés nitrés, la forme la plus ancienne, en comprimé, avait une durée d'action courte. Des comprimés à libération prolongée, efficaces sur six à huit heures, ont secondairement été mis au point. Par voie d'administration transdermique, des formes ayant une durée d'action plus prolongée ont été proposées. Le phénomène de tolérance aux dérivés nitrés, qui s'expliquerait par un épuisement des radicaux thiols intracellulaires, justifie toutefois une prescription discontinue en respectant une « fenêtre thérapeutique » quotidienne.
Contrôle de l'activité sur l'ensemble du nycthémère.
Les principaux avantages des médicaments cardio-vasculaires à longue durée d'action sont le contrôle de l'activité sur l'ensemble du nycthémère avec une prise journalière unique, ainsi que l'amélioration de l'observance. Dans une étude canadienne sur 19 501 hypertendus, à un an, 30 % des sujets ont interrompu leur traitement et plus de 20 % l'ont arrêté définitivement.
Dans l'HTA, la prescription d'une forme comportant une association thérapeutique est notamment justifiée par l'augmentation de l'observance. Dans cet esprit, le concept de la « polypill », publié en 2003 par N.J. Wald et M.R. Law, consistait en une association fixe de plusieurs médicaments à faible dose, chacun diminuant modérément le niveau de risque cardio-vasculaire. L'administration quotidienne d'un comprimé contenant trois antihypertenseurs à faible dose, une statine, de l'aspirine et de l'acide folique chez les sujets de plus de 55 ans devrait ainsi permettre de réduire de 80 % le risque d'événement cardio-vasculaire. Cette galénique simple a fait l'objet de nombreux débats, des approches fondées sur des modifications hygiéno-diététiques semblant aussi efficaces. En réponse à la polypill, O.H. Franco et coll. ont ainsi humoristiquement proposé le « polymeal », un repas associant vin, poisson, fruits, légumes, chocolat noir, ail et amandes, en soulignant ses aspects naturel, sans effets indésirables et probablement meilleur au goût…
D'après un entretien avec le Pr Xavier Girerd (pôle endocrinologie et prévention, unité de prévention des maladies cardio-vasculaires, hôpital de la Pitié, Paris).
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