Un prurit souvent vespéral
L’oxyurose est souvent latente, le symptôme essentiel est le prurit anal souvent vespéral parfois intolérable. D’autres troubles sont parfois rapportés à l’oxyurose comme des douleurs de la fosse iliaque droite, des troubles du transit. Au cours des appendicites aiguës, l’examen histologique retrouve parfois des oxyures au sein de l’appendice enlevé mais la responsabilité de l’oxyure dans la genèse d’appendicites reste discutable.
Scotch-test ou test thérapeutique
Les femelles peuvent être visibles à l’oeil nu au niveau de la marge anale au cours de l’examen proctologique ; au cours d’une coloscopie, il n’est pas rare de faire le diagnostic d’oxyurose latente par la découverte de femelles migrant dans le côlon.
Mais l’examen parasitologique des selles ne permet pas habituellement de mettre en évidence les oeufs d’oxyure.
La méthode du Scotch-test de Graham est le procédé diagnostique reconnu ; il consiste à appliquer, le matin avant toute toilette, sur les plis radiés de la marge anale une Cellophane adhésive ; cette Cellophane est ensuite collée sur une lame et examinée au microscope. Les oeufs ovalaires et asymétriques sont aisés à reconnaître.
Les difficultés pratiques de mise en oeuvre de ce test font que, devant une forte suspicion clinique, on a souvent recours à un test thérapeutique en raison de la remarquable efficacité du traitement ; nous y reviendrons.
L’éosinophilie sanguine est habituelle comme dans toutes les helminthiases, mais modérée.
Chez l’adulte, une consultation pour prurit anal nécessite un examen soigneux de la marge anale, un toucher rectal et une anuscopie car l’oxyurose n’est pas, bien entendu, la seule cause de prurit anal.
Traitement minute à répéter
Les produits les plus utilisés sont :
– l’embonate de pyrvinium : Povanyl (0,05 g pour 10 kg de poids, soit 1 comprimé ou une cuillerée à café de suspension) en prise unique au repas ou avant le coucher, les comprimés doivent être avalés sans être croqués. L’embonate de pyrvinium colore les selles en rouge ;
– le pyrantel : Combantrin (0,125 g pour 10 kg de poids, soit 1 comprimé ou une demie cuillère-mesure pour 10 kg de poids) en prise unique ;
– le flubendazole : Fluvermal (1 comprimé ou 1 cuillerée à café en prise unique).
Ces traitements ont une très bonne efficacité, mais l’ auto-infestation et la réinfestation sont causes d’échec, c’est pourquoi le traitement doit être répété quinze jours plus tard. Toute la famille doit être traitée simultanément. Les règles d’hygiène sont essentielles : brosser et couper les ongles du jeune enfant, draps, pyjamas et sous-vêtements doivent être lavés le jour du traitement.
Rappel parasitologique
L’oxyure ou Enterobus vermicularis est un helminthe de type nématode, c’est-à-dire un ver rond comme l’ascaris, l’anguillule, l’ankylostome notamment, par opposition aux cestodes, vers plats comme les ténias. C’est une parasitose cosmopolite fréquente chez l’enfant.
Le couple de vers adultes vit dans la région cæco-appendiculaire ; la femelle fécondée migre jusqu’à l’anus et y pond ses oeufs embryonnés. Ces oeufs sont infestants sans nécessité de séjour dans le milieu extérieur. Ils sont contaminants par voie digestive, après leur ingestion. Ils libèrent une larve dans l’estomac qui devient adulte en trois à quatre semaines.
Le point important est la possibilité d’ auto-infestation, notamment chez l’enfant qui se contamine à partir de ses mains souillées.
Trois points à retenir
• Il faut systématiquement évoquer une oxyurose devant un prurit anal de l’enfant.
• Il faut également y penser devant un prurit anal de l’adulte, mais l’examen proctologique est ici essentiel car les causes sont multiples.
• Le traitement est aisé et efficace, mais les règles d’hygiène associées sont nécessaires pour éviter la récidive.
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