REFERENCE
La fumée : un mélange complexe
La fumée de tabac est un mélange complexe de substances toxiques et cancérogènes qui pénètrent dans l'organisme et y laissent des traces. Néanmoins, la présence de ces substances dans l'organisme n'est pas le fait exclusif du tabagisme actif ou passif et, par conséquent, les marqueurs utilisés ne sont pas toujours spécifiques.
Le monoxyde de carbone dans l'air expiré
C'est le cas quand on mesure le monoxyde de carbone dans l'air expiré, car ce composé, étant présent dans l'air pollué, n'est pas d'une grande précision. De même, les thiocyanates (produits de détoxification de l'acide cyanhydrique présent dans la fumée de cigarettes) ne sont pas des marqueurs spécifiques du fait de leur apport par certains aliments. Leur dosage peut néanmoins être utile pour le suivi du sevrage des fumeurs en raison d'une élimination lente. Quant à la nicotine, alcaloïde majeur du tabac responsable de la dépendance, elle est intéressante à doser, mais sa demi-vie très courte (deux heures) n'en fait pas un marqueur idéal.
Produit de dégradation de la nicotine par le foie
En revanche, la cotinine, produit de dégradation de la nicotine par le foie, apparaît aujourd'hui comme le marqueur de choix dans la prise en charge du tabagisme. En effet, la nicotine est oxydée en cotinine, que l'on retrouve dans les urines, où elle peut être dosée. Sa demi-vie est plus longue que celle de la nicotine (entre seize et vingt-deux heures), sa concentration sanguine reste stable et son élimination est prolongée.
Chez les fumeurs qui souhaitent arrêter de fumer, le dosage de la cotininurie facilite le diagnostic, aide à quantifier précisément l'imprégnation tabagique, permettant ainsi d'améliorer et de personnaliser le traitement. Il permet également de vérifier la réalité du sevrage, puisque, une semaine après l'arrêt du tabac, le taux redevient identique à celui d'un non-fumeur. Lors d'un traitement substitutif dégressif, le dosage de la cotininurie permet d'ajuster au mieux les doses substitutives et de les diminuer au fil de la désaccoutumance.
Correction d'un surdosage ou d'un sous-dosage
On peut ainsi corriger un éventuel surdosage ou un sous-dosage de la substitution nicotinique pour assurer une bonne prise en charge des effets de manque.
De plus, lors d'un traitement par le chlorhydrate de bupropion, la surveillance du patient est plus facile : la cotininurie est nulle en cas d'abstinence tabagique, mais positive si le patient fume encore.
Tabagisme passif
Chez les non-fumeurs, la présence de cotinine dans les liquides biologiques des sujets exposés au tabagisme de l'entourage familial ou professionnel permet d'affirmer l'existence d'un tabagisme passif. Les concentrations retrouvées dans ce cas sont équivalentes à celles retrouvées pour une consommation quotidienne de trois à cinq cigarettes.
Technique
Actuellement, les résultats sont obtenus par chromatographie liquide haute performance, suivie d'une détection dans l'ultraviolet, et sont parfaitement fiables. Cette technique nécessite un appareillage spécialisé, souvent utilisé actuellement dans les laboratoires hospitaliers. Du fait d'une étape préalable de purification, les résultats ne sont pas immédiatement disponibles. C'est pourquoi le développement des techniques immunologiques pour le dosage de la cotinine est souhaitable. Ces techniques pourraient être adaptées sur les automates couramment utilisés dans les laboratoires. La mesure de la cotininurie étant effectuée directement sur l'échantillon urinaire, les résultats pourraient être communiqués au médecin tabacologue dans les meilleurs délais.
D'après les communications de N. Jacob, E. Plantin-Carrenard, C. Berny, B. Capolaghi et D. Garelik, lors des Journées internationales de biologie
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