La langue peut être la pire et la meilleure des choses, mais bien souvent le potentiel de la parole et de la communication n'est pas suffisamment exploité quand il s'agit de la relation médecin-patient. C'est d'autant plus vrai dans le domaine du cancer, pour lequel les implications du diagnostic dépassent largement le simple traitement d'un organe pour aller s'infiltrer dans toutes les composantes de la vie du malade, personnelles, sociales, professionnelles.
Cette préoccupation, partagée par les patients et ceux qui les soignent, a conduit en 1999 à la création d'un groupe de réflexion pluridisciplinaire, EPAC (Ensemble Parlons Autrement des Cancers), à l'initiative des Laboratoires Rhône-Poulenc Rorer.
Dès 2000, le 1er Sommet mondial contre le cancer, suivi du plan de lutte contre le cancer, et les deuxièmes états généraux mettaient en avant les dimensions psychologiques et sociales de la prise en charge de ces patients. A l'occasion du 4e Congrès de l'Union internationale contre le cancer à Paris, les experts du groupe EPAC ont rappelé les objectifs de ce programme : améliorer la communication entre l'équipe soignante et ses proches, faire de la psycho-oncologie un élément constitutif de la prise en charge de la maladie cancéreuse, faire évoluer les perceptions du public et le regard de la société.
Un enseignement nécessaire
Les résultats de l'Observatoire du langage et de la communication mis en place à l'institut Bergonié de Bordeaux mettent en évidence le décalage existant parfois entre la vision de la maladie par les patients ou le grand public et les médecins : manque d'information, déficit de communication ? Il est clair que pour le médecin l'écoute active de son patient et le choix des mots pour lutter contre son désarroi sont fondamentaux. Tout cela n'est pas inné, et s'apprend. Pour le Dr Daniel Serin, président de la Société française de psycho-oncologie, la parole fait partie intégrante de l'arsenal de lutte contre le cancer. Il propose un enseignement de cette discipline aux étudiants des métiers de la santé et aux soignants dans le cadre de la formation médicale continue.
Le Dr Laure Copel (Paris) rappelle que 96 % des oncologues n'ont aucune formation dans ce domaine. Des études ont démontré qu'une formation d'une journée entraînait un mieux-être émotionnel des malades à deux semaines, trois mois et six mois (Roter, 1995). Par ailleurs, une enquête au sein des structures de soins à montré une très grande hétérogénéité dans la présence des psychiatres ou psychologues, alors que celle-ci est fortement souhaitée par les oncologues et le personnel infirmier pour les soignants mais aussi pour eux-mêmes, notamment pour l'aide à l'annonce du diagnostic. Les patients évoquent pour 60 % d'entre eux un besoin de nature psychologique, mais font rarement la démarche d'une prise en charge psychologique. Aujourd'hui, les initiatives se multiplient (séminaire interactif pour les oncologues, groupes de recherche en sociologie, propositions d'actions...) pour aider les médecins et tous les soignants à utiliser le pouvoir des mots pour prendre en charge le mieux possible leurs patients.
Les Laboratoires Aventis poursuivent leur engagement dans le programme EPAC en soutenant activement les projets proposés par les experts et les actions visant à développer la pluridisciplinarité tels les réseaux de soins, site internet (Zoomcancer), ainsi que la formation : pédagothèque, séminaire de méthodologie de l'évaluation, et formation à la pharmaco-économie. On peut souhaiter que cette union des compétences et des volontés dirigée vers le mieux-être du patient ait un écho favorable auprès des pouvoirs publics dans la continuité de l'application du plan de lutte contre le cancer.
Table ronde organisée par les Laboratoires Aventis dans le cadre du 4th UICC Cancer Meeting on Global Cancer Management à Paris, sous la présidence des Prs Thomas Tursz (Villejuif) et Thierry Philip (Lyon).
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