L'OSTEOPOROSE est l'ostéopathie fragilisante la plus fréquente. Chez la femme, la prévalence de l'ostéoporose densitométrique (T-score < – 2,5) augmente avec l'âge à partir de 50 ans. Elle est estimé à 30 % après 55-60 ans et à 70 % chez les femmes âgées de plus de 80 ans.
L'ostéoporose expose, pour des traumatismes minimes, à des fractures dont les sites préférentiels sont les poignets, les vertèbres et l'extrémité supérieure du fémur, les autres localisations (sacrum, humérus, radius côtes…) sont nettement moins fréquentes, mais pas exceptionnelles. Quarante pour cent des femmes de 50 ans auront, avant la fin de leur vie, une fracture ostéoporotique.
On dénombre chaque année en France de 150 000 à 200 000 fractures ostéoporotiques dont les conséquences peuvent être graves sur le plan fonctionnel (douleurs, handicap, altération de la qualité de vie, perte d'autonomie ) et vital (fracture du col du fémur après 75 ans).
L'incidence fracturaire augmente avec l'âge quel que soit le site ; toutefois, à 50 ans, une femme ostéoporotique a plus de risque d'avoir une fracture du poignet que du col du fémur ou des vertèbres, alors qu'après 70-75 ans le risque de fracture du col est près de 5 fois supérieur à celui d'une fracture du poignet. L'ostéoporose, dont la prévalence augmente avec le vieillissement de la population, est qualifiée « d'épidémie silencieuse », car elle évolue à bas bruit et passe souvent inaperçue avant la première fracture qui est non seulement un signe révélateur de la maladie, mais aussi un signe d'alerte car elle augmente le risque de survenue de nouvelles fractures.
Les facteurs de risque.
«Si la décision médicale de traiter est évidente pour les patientes fracturées, il n'en est pas de même pour les non-fracturées chez lesquelles il est nécessaire d'évaluer le risque fracturaire», souligne le Dr Rachida Inaoui (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris).
La mesure de la densité minérale osseuse (DMO) reste l'élément central de la décision dans la mise en route d'un traitement de l'ostéoporose : une DMO basse est considérée comme un facteur prédictif majeur.
Les études épidémiologiques montrent qu'une diminution d'un écart type de la DMO par rapport à la moyenne pour l'âge multiplie par deux le risque de fracture. Cependant, la valeur de la DMO, ou sa variation sous l'effet d'un traitement, ne permet d'expliquer qu'une partie de ce risque et il existe un important chevauchement de valeurs de la DMO entre les sujets ayant une fracture et ceux n'en ayant pas.
Un antécédent de fracture ostéoporotique, quel qu'en soit le site, augmente significativement le risque de survenue d'une nouvelle fracture, indépendamment de la valeur de la DMO, et cette augmentation est proportionnelle au nombre initial de fractures.
Chez le sujet âgé, le risque de survenue d'une fracture ostéoporotique, en particulier d'une fracture de l'extrêmité supérieure du fémur, est étroitement lié au risque de chute : près d'un tiers des sujets de plus de 65 ans font au moins une chute par an. Certains facteurs favorisent les chutes, notamment les déficits neuromusculaires et les troubles de l'équilibre et de la marche, une diminution de l'acuité visuelle, la prise de médicaments psychotropes, les altérations des fonctions cognitives et la démence.
En pratique, la décision thérapeutique est guidée par une évaluation du risque individuel de fracture ostéoporotique qui prend en compte l'âge, le poids, l'âge de la ménopause (précoce), le risque de chute chez les personnes âgées et, bien entendu, un antécédent personnel ou familial de fracture.
Différents modèles ont été élaborés pour combiner DMO et facteurs de risque cliniques pour identifier les patientes à traiter en élaborant un score. Néanmoins, les facteurs de risque communs à tous ces scores sont : un antécédent personnel et familial de fracture, une prise de corticoïdes, un faible poids (IMC < 19 kg/m2), une ménopause précoce (40 ans), une perte de taille pour les fractures vertébrales, l'âge et un tabagisme.
Il est admis que le principal facteur de risque est l'antécédent de fracture. Différentes études ont suggéré que le risque de fracture est plus élevé dans les suites immédiates de fracture : 20 % dans la première année qui suit la première fracture, 50 % dans les cinq ans qui suivent et 80 % dans les dix ans.
Ces résultats soulignent la nécessité de dépister toutes les patientes fracturées et les patientes à risque et de débuter un traitement le plus tôt possible. Le Dr Rachida Inaoui précise qu'une attention particulière doit être portée aux fractures vertébrales dont le dépistage n'est pas évident car elles peuvent passer inaperçues (deux tiers des fractures vertébrales sont asymptomatiques). Une mesure de la taille objectivant une perte supérieure à 3 cm pourrait améliorer le dépistage de ces fractures.
La DMO reste l'élément central pour identifier les sujets à haut risque de fracture. Dans l'avenir, le résultat sera probablement exprimé en fonction du risque absolu en incluant d'autres facteurs de risque cliniques, ce qui permettra de définir différents seuils d'intervention, conclue le Dr Rachida Inaoui.
Session « Os et ménopause : agir tôt pour éviter la cascade fracturaire », parrainée par les Laboratoires Servier, et présidée par le Pr Philippe Ravaud (Paris)et le Dr Jacques Fechtenbaum (Paris) avec la participation du Dr Rachida Inaoui (Paris).
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