E N novembre 2000, une équipe de Zurich, associée à une équipe autrichienne, rapportait dans « Nature » une affinité tout à fait inattendue entre Prp sc et plasminogène (« le Quotidien » du 23 novembre 2000). La question de la signification biologique in vivo de cette interaction s'est naturellement posée, et elle se pose encore. Toutefois, en attendant d'en savoir plus sur ce chapitre, il paraît possible de tirer partie de cette affinité pour le diagnostic de l'infection.
On sait que la détection de la Prp sc n'est pas une affaire simple. Le seul test véritablement sensible est l'administration d'un extrait suspect à l'animal. L'obtention d'un résultat demande toutefois un délai de plusieurs mois. Quant aux tests immunologiques, en l'absence de réactif capable de discriminer la Prp c, normale, de la Prp sc, ils requièrent une protéolyse préalable, qui ne laisse subsister dans l'échantillon que la forme pathogène, résistante - l'absence de spécificité des anticorps est ainsi compensée par une spécificité conférée à l'échantillon. L'inconvénient de la procédure est une certaine perte de sensibilité, quand on cherche au contraire des diagnostics précoces chez l'animal et chez l'homme, surtout si l'on envisage un risque sanguin.
La technique décrite dans le « Lancet » avait en fait déjà été évoquée par Adriano Aguzzi lors du salon Diétécom 2001, à Paris (« le Quotidien » du 16 mars 2001). Elle repose sur le couplage de plasminogène humain à des microbilles magnétiques qui, plongées dans l'échantillon, permettent de retenir la Prp sc, puis de la séparer par centrifugation. Après quoi, elle peut être détectée par anticorps anti-Prp (6H4), de la même manière qu'après protéolyse.
A Paris, le Pr Aguzzi avait indiqué que cette technique pourrait permettre de gagner en sensibilité par rapport à l'immunochimie classique, et ainsi en précocité de détection. L'article du « Lancet » est plus prudent sur ce terrain. Mais il confirme bien l'affinité du plasminogène pour des Prp sc humaines, bovines et ovines de plusieurs provenance. On note que la Prp sc provenant de malades atteints de maladie de Creutzfeldt-Jakob sporadique est aussi détectée. Et on remarque, enfin, que l'intensité du signal est corrélée aux observations histopathologiques. Tous ces arguments plaident évidemment en faveur d'une évaluation approfondie du test.
Quel déterminant commun ?
Indépendamment de cette évaluation, l'étude soulève un problème de fond : à quel déterminant commun aux Prp sc de différentes espèces correspond leur affinité partagée pour le plasminogène ? La Prp c et la Prp sc sont sensiblement différentes d'une espèce à l'autre ; différence sur laquelle se fonde la barrière d'espèce. Cette barrière est relative, puisqu'elle a été franchie. Il existe donc bien des déterminants communs à ces différentes Prp, au milieu de déterminants particuliers à l'espèce. Si ces déterminants communs, qui, manifestement, sont ceux qui interagissent avec le plasminogène, sont aussi les déterminants impliqués dans des interactions pathologiques à l'échelle moléculaire, il y a beaucoup à attendre de l'étude de l'interaction avec le plasminogène.
M. Malssen et coll. « Lancet », vol. 357, 23 juin 2001.
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