Comme il fallait s'y attendre, l'étude publiée dans les « Proceedings » de l'Académie des sciences américaine par Patrick J. Bosque et coll. (San Francisco, université de Californie), et à laquelle a participé le prix Nobel Stanley Prusiner, défraye la chronique scientifique internationale. Elle démontre, en effet, globalement que le muscle squelettique de la souris est intrinsèquement capable de propager le prion pathogène ( « le Quotidien » du 19 mars).
Aux Etats-Unis, plusieurs voix se sont élevées dans la communauté scientifique pour appeler « d'urgence » à une large étude du bétail infecté par les maladies à prions, afin de déterminer la présence de ces prions dans les tissus musculaires de ces animaux et leur degré de concentration.
En France, l'AFSSA a immédiatement annoncé qu'elle va procéder à des tests rapides (ELISA et Western Blot) sur « le plus de muscles possibles » provenant des membres postérieurs de bovins écartés de la chaîne alimentaire parce que leur cervelle avait été décelée positive.
Des variations selon les espèces
« Il est cependant trop tôt pour dire si les travaux américains peuvent être extrapolés aux animaux destinés à la consommation humaine », souligne-t-on à l'Agence. L'accumulation du prion peut, en effet, connaître d'importantes variations selon les espèces animales ; en outre, les souris testées aux Etats-Unis avaient été contaminées par voie intramusculaire et non orale. « Dans aucun autre modèle d'encéphalopathie spongiforme transmissible, on a la notion que le tissu musculaire soit infectieux », souligne le Pr Marc Eloit, président du comité d'experts spécialisés des ESST à l'AFSSA, qui qualifie de « surprenants » les résultats publiés par les « Proceedings ».
On devrait, quoi qu'il en soit, avoir d'ici à quelques jours une première idée des résultats des tests pratiqués sur les carcasses consignées de bovins contaminés. D'autres travaux devraient aussi s'ensuivre, pour étudier la possibilité de pratique des tests diagnostiques de la maladie humaine par biopsie musculaire. On pourrait ainsi éviter de recourir à la biopsie cérébrale réalisée sur le malade vivant dépourvu d'amygdales pour effectuer les recherches sur la protéine 14.3.3.
De son côté, l'Europe, via le comité scientifique directeur de l'Union européenne, va « évaluer » ces nouveaux travaux. Mais la Commission européenne tient à rappeler « que de nombreuses études effectuées sur des bovins affectés par la maladie de la vache folle n'ont jamais apporté la preuve de l'existence de prions dans la viande de muscle » ; et elle souligne à son tour « que la structure et le métabolisme des souris ne peuvent pas être comparés à ceux des bovins ou des humains ».
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