PRATIQUE
Syndrome pseudo-grippal, dysphagie, adénopathies
Bien souvent retrouvés rétrospectivement, les signes cliniques de la primo-infection à VIH sont le plus souvent banals, leur intensité pouvant, dans certains cas, pousser le patient à consulter. On retrouve principalement une fièvre (39-40°), qui monte brutalement, s'accompagne de myalgies et peut persister quelques jours, évoquant un syndrome grippal ; une dysphagie, le plus souvent avec une gorge rouge ressemblant à une pharyngite banale, parfois accompagnée d'ulcérations très évocatrices de primo-infection à VIH ; des adénopathies douloureuses dépassant les aires cervicales.
Des symptômes identiques peuvent se rencontrer au niveau génital : adénopathies douloureuses, ulcération au niveau du gland ou du vagin ; l'association de ces deux types d'atteinte est fortement évocatrice.
Une éruption cutanée diffuse, d'aspect morbilliforme ou scarlatiniforme peut être présente. Dans la majorité des cas, une importante asthénie est associée à ces symptômes et l'ensemble des ganglions est augmenté de volume.
Parfois, des signes neuro-méningés peuvent dominer le tableau : maux de tête, signes méningés, paralysie a frigore... ; ainsi que des syndromes digestifs banals (diarrhée, vomissements).
Très rarement se rencontrent des complications pulmonaires, telles que la pneumocystose qui reste exceptionnelle au cours de la primo-infection.
Ces différents signes qui évoquent une mononucléose infectieuse apparaissent entre dix jours et trois semaines après la contamination.
En ce qui concerne les examens biologiques, la numération sanguine sera souvent modifiée : simple leucopénie (touchant surtout les neutrophiles), vrai syndrome mononucléosique avec lymphocytes bleutés et inversion de formule, parfois légère anémie, souvent thrombopénie. Une cytolyse hépatique est fréquente avec augmentation modérée des transaminases.
Face à ce tableau, atypique, très polymorphe, le médecin évoquera une mononucléose, une infection à cytomégalovirus et surtout une primo-infection à VIH en recherchant l'épisode contaminant. La sérologie du VIH devra systématiquement être demandée (parfois encore négative à ce stade ou discordante) et l'antigène p24 impérativement recherché car sa présence affirme le diagnostic.
Face à cette primo-infection symptomatique, un traitement par trithérapie est indiqué (deux inhibiteurs nucléosidiques et un antiprotéase). Bien qu'il n'existe pas actuellement de consensus sur la durée du traitement, il semble néanmoins raisonnable de traiter le patient durant quelques mois, puis de le suivre régulièrement par la suite (trois à quatre fois par an). Actuellement, des essais sont en cours sur les modalités de traitement de la primo-infection.
Propos recueillis auprès du Dr Elisabeth Bouvet (adjointe du Pr Yéni, service des maladies infectieuses et tropicales, hôpital Bichat, Paris ).
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