Devenu vedette du petit écran (« La nouvelle star » sur M6) après avoir accompagné des étoiles du show-biz (Peter Gabriel, Sting, Joni Mitchell, etc.), le batteur-percussionniste Manu Katché revient aujourd'hui à ses premières amours : le jazz. A 47 ans, le musicien, qui a déjà enregistré plus de 200 disques comme accompagnateur et certains en tant que leader, mène de front deux carrières jazzy. Une carrière à la tête du groupe « Tendance » (avec le pianiste Franck Avitabile), et une carrière en compagnie d'une magnifique formation polono-norvégienne dont le résultat est un CD superbe, intitulé « Neighbourhood » (ECM/Universal). Admirablement soutenu par des jazzmen polonais qui montent, le pianiste Marcin Wasilewski et le contrebassiste Slawomir Kurkiewicz - tous deux sidemen réguliers du trompettiste virtuose Tomasz Stanko - et avec comme invités justement M. Stanko et l'élégant saxophoniste norvégien Jan Garbarek, Manu Katché a réussi là une épatante et étonnante prouesse rythmique et mélodique (1).
Il est difficile de refaire l'histoire. En enregistrant « Not in Our Name » (Impulse !/Universal), à la tête de son Liberation Music Orchestra, le contrebassiste Charlie Haden voulait rééditer la prouesse et l'engagement musical réalisé plus de trente-cinq ans auparavant, au moment de la guerre du Vietnam. Car si « Not in Our Name » est un pamphlet anti-Bush, les temps et la musique ont changé. Associé à sa fidèle complice, la pianiste Carla Bley, Charlie Haden et son big band délivrent certes une belle musique, bien arrangée et orchestrée, mais moins chargée d'émotion que par le passé.
Au fil des ans, le saxophoniste Joe Lovano s'est imposé comme une des voix du ténor moderne. Pour son 17e album pour Blue Note (EMI), « Joyous Encounter » - qui est un hommage à plusieurs jazzmen récemment décédés comme Elvin Jones et Steve Lacy -, il a retrouvé de vieux amis - le vénérable Hank Jones, 87 ans (piano), George Mraz (contrebasse) et Paul Motian (batterie) - pour graver la suite d'un disque enregistré en 2004. Au programme de cet album, une très belle succession de standards du jazz - « Pannonica » de Thelonious Monk ou « Crescent » de John Coltrane par exemple -, trois compositions de Thad Jones (frère de Hank), une d'Oliver Nelson et des titres originaux écrits par le leader délivrant un réel plaisir pour l'oreille. Le tout dans une harmonie et une entente complice entre les membres d'un quartette soudé et attentif.
Le saxophoniste Olivier Témime et son groupe, « The Volunteered Slaves », aiment bien mettre le feu au jazz. Même sur des thèmes composés par de glorieux anciens, comme Joe Henderson ou Rahsaan Roland Kirk, comme le démontre « Streetwise » (Nocturne), le dernier album du leader. Pour réaliser cet exploit, un zeste de hard bop et surtout beaucoup de rythmes disco, funk, afro et soul. Cela donne donc une musique hypermusclée, débordante et rythmiquement très riche, parfois totalement cyclonique, comme emportée par une déferlante. Loin d'un jazz consensuel, le style furieux et énergique d'Olivier Témime a tout d'un ouragan. La joie en plus.
(1) Paris, La Cigale, 4 octobre, 19 h 30.
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