Les effets secondaires des médicaments demeurent une cause non négligeable de morbidité et de mortalité dans le monde. Bon nombre d’entre eux ne sont pas détectés durant les essais cliniques avant que le médicament soit approuvé pour usage clinique. Fort heureusement, dans le cadre d’une surveillance après la mise sur le marché, diverses institutions maintiennent de larges bases de données qui recueillent les déclarations d’événements indésirables, et celles-ci permettent d’étudier les effets médicamenteux à partir des données de la population.
Toutefois, des facteurs confondants, tels que la prise concomitante d’autres médicaments, la démographie des patients, leur histoire médicale, et les raisons qui ont conduit à prescrire un médicament, sont souvent inconnus dans les systèmes de déclaration spontanée, et ces omissions peuvent limiter l’analyse des données.
Des chercheurs de l’université de Stanford en Californie ont conçu une approche (adaptative, guidée par les données) pour corriger ces facteurs lorsque les covariables sont inconnues ou non mesurées, et ont associé cette approche aux méthodes existantes, ils ont créé une nouvelle base de données (OFFSIDES) pour les effets secondaires qui ne sont pas inscrits sur l’étiquette du médicament et une autre base de données des couples de médicaments et des effets secondaires associés à leur usage combiné (TWOSIDES).
« Ces deux bases de données énumèrent des milliers d’effets secondaires présumés qui n’étaient pas signalés auparavant », précise le Dr Nicholas Tatonetti, premier cosignataire de l’étude.
« Nos résultats suggèrent que nous pouvons dévoiler de nombreux nouveaux effets secondaires, certains sérieux, en examinant les registres de la FDA au moyen d’une nouvelle méthode. Ils suggèrent de plus qu’il est important pour les professionnels de la santé de comprendre que des médicaments peuvent avoir, en association, des effets secondaires qu’ils n’ont pas individuellement », poursuit le Dr Altman.
« Notre travail est une première étape pour identifier certaines des interactions médicamenteuses clé qui pourraient être importantes sur le plan clinique. Bon nombre d’entre elles ont été validées en examinant les patients traités par les deux médicaments concernés dans les dossiers de santé électronique de l’hôpital de Stanford. Des travaux supplémentaires doivent être effectués pour evaluer les prédictions que nous avons faites. »
« Dans un cas, nous avons constaté que la combinaison d’un diurétique thiazidique et d’un antidépresseur SSRI (inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine) augmente le risque d’un allongement de l’espace QT à l’ECG, un signe associé à un risque accru d’arythmie dangereuse. Il nous faut vérifier cette hypothèse avec des études plus approfondies pour voir si c’est vrai, auquel cas les conséquences cliniques seraient importantes. »
Tatonetti et coll., Science Translational Medicine, 14 mars 2012.
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