LES CINQUANTE-TROIS membres du Haut Conseil de l'assurance-maladie, structure mise en place par le précédent ministre de la Santé pour réfléchir à l'avenir du système de soins dans le cadre de la réforme de la Sécurité sociale, portent un jugement plutôt sévère sur la politique de prévention. « De nombreux indicateurs, écrivent-ils dans l'avis qu'ils ont élaboré lors de leur dernière réunion, attestent que notre système de santé souffre d'une insuffisante capacité à prévenir les maladies et les accidents évitables. Ce retard préoccupant est au surplus assorti de fortes inégalités sociales et spatiales », c'est-à-dire régionales.
Et pour ces responsables, ce n'est pas simplement une question d'argent ou de moyens financiers. « La cause de cette carence, écrivent-ils ainsi, n'est à rechercher ni exclusivement ni prioritairement du côté d'une insuffisance des sommes consacrées aux actions de prévention. »<\!p>Le problème vient d'abord du « manque de mobilisation et de structuration de tout notre système de soins (...) autour d'objectifs de santé publique ».
A ce titre, poursuivent-ils, « le rôle de prévention et d'éducation à la santé que jouent, et que pourraient jouer bien davantage, tous les professionnels de santé dans le cadre de leur activité ordinaire (exercice libéral ou en établissement) est insuffisamment reconnu insuffisamment stimulé et insuffisamment organisé ».
L'assurance-maladie, note le Haut Conseil, a fait de la politique de prévention l'une de ses préoccupations majeures. Mais encore faut-il qu'elle puise mesurer l'efficacité des actions qu'elle engage. « Il faut évaluer les actions de prévention aussi bien sur le plan qualitatif que sur le plan quantitatif. Pour cela, il conviendrait de disposer, davantage qu'aujourd'hui, des instruments qui en permettent la mesure », écrit le Haut Conseil.
Un mandat pour les professionnels de santé.
Plus généralement, poursuit cet avis, « on doit prendre conscience qu'il ne peut y avoir de prévention efficace s'il n'y a pas continuité du dialogue thérapeutique, suivi du patient, coordination des intervenants, formation spécifique des professionnels et évaluation des résultats ». Allant plus loin, le Haut Conseil estime essentiel d'insérer l'intervention des professionnels libéraux, et par exemple la « consultation périodique de prévention » créée par la loi sur la Santé publique, dans une forme de « mandat d'ensemble qui offrirait au praticien, outre sa rémunération spécifique, les éléments de formation, les protocoles et recommandations techniques et l'insertion dans un réseau pluridisciplinaire. Le tout étant évidemment assorti d'évaluations et de garanties sur la qualité de la pratique ». Le Haut Conseil affirme que « ce chantier est d'une absolue priorité ».
Une politique de prévention ne réussira évidemment que si elle touche les personnes réellement concernées. Et c'est là toute la difficulté : sensibiliser les populations à risque. Le Haut Conseil estime que « cet objectif de forte participation (des populations) doit être atteint par des moyens empreints de pragmatisme.Ainsi, dans certains cas, il peut être efficace, et donc légitime, de mettre en place des incitations financières individuelles qui en appellent à la responsabilité de chacun face à sa santé ». Des efforts sont également à faire pour que « naissent des formes de prise de responsabilités locales, pluripartenariales et contractualisées ».
Enfin, le Haut Conseil s'interroge sur le rôle des organismes qui s'occupent prioritairement de prévention : centre d'examens de santé de l'assurance-maladie ; services de PMI ; service de santé scolaire et médecine de travail. Et d'annoncer qu'il consacrera ses prochains travaux aux « missions propres de ces différentes institutions et structures, à leur place dans l'ensemble des dispositifs de prévention, ainsi qu'à la manière d'en mieux articuler l'intervention avec le reste du système de soins ».
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