D E nombreuses études internationales ont établi le lien entre la pression artérielle et le risque d'AVC et plusieurs travaux ont démontré qu'une diminution de la pression artérielle permettait de réduire de façon importante le risque d'AVC.
Dans le cadre de la prévention secondaire, l'effet bénéfique d'une baisse de la pression artérielle n'était pas clairement démontrée, même si de petits essais (en particulier UK-TIA) plaidaient dans ce sens. L'étude PROGRESS, grande étude internationale de morbi-mortalité placée sous l'égide de l'OMS et de la Société internationale d'hypertension, s'est justement donné pour objectif de valider cette hypothèse et de montrer, ou non, que la baisse de la pression artérielle permet de réduire le risque de récidives d'AVC.
Cette étude a été réalisée dans dix pays sous la coordination des Prs J. Chalmers et S. Macmahon (Australie). Elle a permis d'inclure plus de 6 000 patients présentant des antécédents d'AVC ou d'AIT, recrutés par 172 centres dont 23 en France (la coordination en France étant exercée par le Pr Marie-Germaine Bousser.
En plus de leur traitement initial, les patients ont reçu dans le cadre d'un essai contrôlé randomisé, en double aveugle contre placebo, 4 mg/jour de perindopril associé ou non à de l'indapamide (la comparaison étant faite avec des placebos de perindopril et d'indapamide).
Des résultats hautement significatifs
Au terme des 4 années d'étude et de suivi, il apparaît tout d'abord, sur la population globale, que ce schéma thérapeutique abaisse la pression artérielle de 9 mm Hg pour la systolique et de 4 mm Hg pour la diastolique. Cette confirmation des résultats intermédiaires à 3 ans n'était pas la donnée attendue, mais il faut souligner que, dans la population de PROGRESS, environ la moitié des patients randomisés étaient des hypertendus traités.
En fait, l'objectif principal était la mise en évidence d'une réduction de la fréquence des AVC fatals ou non, ce qui est bien le cas puisque globalement cette diminution est de 28 % (p < 0,0001). Fait important, cette diminution du risque s'observe aussi bien chez les sujets normotendus (- 22 %) que chez les sujets hypertendus (- 33 %). Des réductions qui sont hautement significatives dans les deux groupes.
On notera par ailleurs que la réduction des récidives atteint 50 % si l'on considère les AVC hémorragiques.
Enfin, l'étude PROGRESS met également en évidence une réduction significative de la fréquence des événements cardio-vasculaires majeurs (- 26 %, p < 0,0001) et en particulier des infarctus du myocarde fatals ou non (- 36 %).
Autrement dit, l'étude PROGRESS signifie qu'il suffit de traiter 23 patients pendant cinq ans pour éviter un AVC et 18 pendant la même période pour prévenir un événement cardio-vasculaire majeur.
Les coordinateurs de l'étude ont souligné l'impact de ces résultats, le Pr John Chalmers (Sydney) les décrivant comme un « pas en avant ». Le second coordinateur de l'étude, Stephen Macmahon, lui aussi de Sydney, a rappelé que chaque année 5 millions de personnes meurent des suites d'un AVC, affection représentant la troisième cause de mortalité dans les pays industrialisés. Par ailleurs, plus de 15 millions de personnes font un AVC non mortel mais restent handicapées. L'AVC représente la première cause de handicap après les maladies cardio-vasculaires et le cancer. Ce qui l'amène à dire : « Les résultats de PROGRESS nous montrent que le traitement mis en œuvre entraîne un bénéfice important chez ces patients à haut risque. Si ces traitements étaient largement diffusés, nous pourrions éviter des souffrances inutiles à des millions de personnes. »
(1) Résultats présentés lors du Congrès de l'European Society of Hypertension.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature