L'ACADÉMIE de médecine demande «avec force» une politique de prévention accrue au regard du cannabis. Sa commission « addictions » réitère son «inquiétude face à la banalisation croissante» du produit, «favorisée par une comparaison, source de confusion, avec les effets de l'alcool et du tabac». «Cette consommation concerne 1,2million de Français qui sont devenus des usagers réguliers (plus de 9 joints par mois), tandis que 500000d'entre eux sont des consommateurs quotidiens» (souvent plusieurs joints par jour). En conséquence, les académiciens, relevant que la France détient la plus forte consommation dans l'Union européenne, souhaitent qu' «aucune concession» ne soit faite «aux défenseurs du cannabis». Ils s'insurgent également contre «les magasins fournissant tous les outils de la culture domestiques du chanvre indien, la libre acquisition sur Internet des semences de variétés à très hauteur teneur en THC (substance active) et la livraison par voie postale de pipes à eau». En la matière, le Pr Roger Normann, président de la commission, invite les pouvoirs publics «à une particulière vigilance».
Tests urinaires.
D'autre part, l'Académie suggère qu'une large place soit faite dans l'enseignement (primaire, collèges, lycées, IUT, universités, grandes écoles) aux informations scientifiques et mises en garde sur les toxicomanies, et le cannabis en particulier, délivrées par des professionnels de la santé formés ce faire. Elle recommande que les stages d'information sur les dangers des drogues, prévus par la loi sur la prévention de la délinquance du 5 mars 2007, auxquels devront se soumettre les contrevenants à l'usage de cannabis, «s'inscrivent dans une communication maîtrisée, soigneusement élaborée, contrôlée et évaluée». La «nécessité de mesures de dépistage précoce et de prévention au cours d'une visite préconceptionnelle et du premier trimestre de la grossesse» est réaffirmée.
A l'instar de ce qui se fait à Air France, à la RATP et à la SNCF, elle préconise enfin des tests urinaires pour l'accès à certaines fonctions, ou responsabilités «sensibles», comme, par exemple, l'usage de machines dangereuses, afin de «s'assurer que le candidat n'est pas dépendant au cannabis». Et, pour ces mêmes activités à risque, l'Académie recommande une extension des contrôles aux personnels déjà en place.
> PH. R.
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