FACE AUX COMPORTEMENTS à risque, quelle prévention ? Le Pr Roger Salamon, président du Haut Conseil de la santé publique, opère une distinction entre les conduites à risque conscientes, acceptées, et celles non choisies, «les plus fréquentes et dangereuses peut-être».«Dans un cas, une politique d'éducation à la santé de type autoritaire, à l'instar de la lutte contre le tabagisme (hausses de prix, interdiction de fumer dans les lieux publics), marche; dans l'autre, la bonne réponse, qui n'est pas simple, passe par une prise de conscience du danger.» «Sur le plan nutritionnel,poursuit le chercheur bordelais de l'INSERM, responsable de l'unité 897, la partie paraît délicate pour les “bons vivants”, qui, tout à fait avertis des risques, ne tolèrent pas les moyens coercitifs. Il convient aussi de se garder de déductions à l'emporte-pièce sur les relations causales: par exemple, les anxieux ont plus tendance à fumer, donc l'anxiété représente un risque pour le cancer du poumon. Toujours au registre de la nutrition, on insiste énormément sur les 5légumes et 5fruits par jour, les oméga 3, etc. Or, même si ça va dans le bon sens, on ouvre là la porte aux industriels avec leurs alicaments. Méfions-nous d'effets délétères, quand on pousse trop loin le bouchon... Inutile d'être excessif ou de faire peur. Maintenant, la suppression des distributeurs de boissons et d'aliments sucrés ou salés dans les établissements d'enseignement constitue une mesure appropriée au regard de l'obésité par trop ignorée dans certains milieux sociaux. »
«Pour les prises de risque aux contrecoups brutaux (suicides, surdoses de produits psychoactifs, etc.), l'approche est malaisée, estime le Pr Salamon. Il n'y a pas seulement le fait que ça soit conscient/inconscient. Quand on explique à des motards qui tentent le diable les dangers courus, ils répliquent C'est vrai, mais pas moi, “Ça me plaît, le côté périlleux décuple mon plaisir”, ou bien “Ma vie m'appartient”. Les taiseux,genre toxicomanes, vivent des problèmes d'ordre psychologique et généralement psychique (petites psychoses) qui appellent à des traitements.»
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