« La prévention doit être approchée de manière globale, en donnant une place essentielle à l'éducation et à l'environnement de vie des personnes, notamment leurs conditions de travail » : dans un rapport sur « la prévention en matière de santé », le Conseil économique et social (CES) incite l'Etat à prendre des mesures pour rattraper le retard en la matière.
Guy Robert, docteur en chirurgie dentaire, ancien vice-président du Syndicat de la presse médicale, rapporteur pour la section des Affaires sociales, a présenté hier les principales recommandations du CES, qui découlent d'une analyse des lacunes actuelles de la politique de prévention.
Le manque de coordination dans le suivi de l'état de santé des jeunes et des adultes (dont le succès limité des examens de santé tous les cinq ans pour les adultes), les difficultés de l'Education nationale à agir avec d'autres intervenants dans l'éducation pour la santé et la dispersion des activités de recherche sont relevés comme « des difficultés majeures ». Comme les académies de médecine et des sciences, le CES regrette que le dépistage des troubles d'ordre physique ou psychique chez l'enfant soit trop tardif. Il relève également des actions qui ne prennent pas suffisamment en compte l'environnement de la personne, en particulier les conditions de travail. « Les actions de prévention reposent trop souvent sur une vision biomédicale de la santé», note-t-il. Autre carence relevée : le manque de données épidémiologiques ou d'analyses des comportements, par exemple en ce qui concerne les accidents professionnels et les accidents domestiques.
Le CES recense aussi les freins à la mise en œuvre d'une politique de prévention : moyens financiers et humains limités, difficultés à édicter ou à faire appliquer des normes contraignantes (tabac, alcool, hygiène alimentaire), absence de continuité dans les politiques engagées et enfin rôle des médias, avec une information qui « trouble parfois la perception de certains risques ».
Il y a tout de même des points positifs et surtout un contexte favorable dont témoigne le projet de loi sur la santé publique. Moyennant quoi, le CES recommande de : coordonner le sanitaire et le social ; intégrer soins et prévention ; renforcer l'évaluation dans sa double dimension d'expertise et d'appréciation des actions menées ; aider chacun à être acteur de sa santé ; mettre en place des suivis efficaces de l'état de santé ; responsabiliser, par la voie de la négociation, les médias et les industries pouvant induire des risques ; promouvoir une politique de santé au travail efficace.
« Si la prévention est une œuvre de long terme, si elle est avant tout une manière d'agir, une question d'état d'esprit autant que de moyens, conclut le rapport, l'Etat peut cependant, par certaines mesures, contribuer à faire évoluer les représentations et les mentalités, et poser les jalons d'une culture de prévention. ».
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