Comme l'a expliqué Jean-Marc Flambeau (directeur délégué aux Affaires médicales, sociales et au logement), la SNCF est la seule entreprise de France à proposer à ses agents une approche globale de leur santé, puisqu'elle combine médecine du travail et médecine de soins. Cette médecine est gratuite et l'agent ne fait aucune avance de frais. Enfin, ajoute le Dr Jean-Pierre Cambou (médecin d'établissement SNCF), elle dispose d'un atout non négligeable en matière de prévention : la visite annuelle est obligatoire - la population est donc bien suivie - et son résultat pouvant sanctionner les capacités au travail de l'agent, donc sa rémunération, les mesures proposées par l'équipe de soins sont fortement incitatives.
Contrairement à une idée répandue, la population SNCF (plus de 180 000 personnes) ne diffère pas fondamentalement de la population générale du point de vue de la santé et de ses facteurs de risque. En outre, elle est répartie sur l'ensemble du territoire national. Toute étude d'épidémiologie ou de prévention menée en son sein a ainsi toute chance d'être fort instructive. D'où l'intérêt de l'action « Cur 2001 », coordonnée par le Pr Loïc Capron (Paris), action de prévention primaire des facteurs de risque cardio-vasculaire. Pour reprendre les termes du Dr Cothereau (médecin d'établissement SNCF), il s'agit de dépister les individus à haut risque coronaire (grâce à la visite systématique en médecine du travail), de leur offrir (et non de leur imposer) une intervention structurée et personnalisée fondée sur les recommandations de l'ANAES et de la conférence de consensus sur le tabac et, enfin, d'évaluer les résultats obtenus par cette stratégie. L'action se focalise sur les 5 % de sujets les plus à risque, les seuils d'intervention ayant été définis à partir d'études préalables. L'outil de mesure du risque est la désormais bien connue équation de Framingham.
L'opération a été lancée le 2 janvier de cette année et de premiers résultats sont déjà disponibles. Au grand soulagement des promoteurs de l'action, exprimé par le Dr Cambou, ils confirment la validité des critères statistiques retenus. Ils sont de plus très encourageants, puisque le taux de participation des agents sollicités est de l'ordre de 85 %, nettement plus important que celui des autres études de ce type. La plupart choisissent d'ailleurs d'être suivis au sein de la SNCF. Pour les 4 facteurs de risque ciblés (tabac, HTA, hypercholestérolémie et diabète), la population SNCF est comparable à la population générale. Seule différence notable : une incidence un peu plus élevée pour le diabète (6 %). Une inquiétude commune aux deux populations : autant de fumeurs chez les hommes que chez les femmes.
Intervention médicale
Rendez-vous est pris pour la première évaluation, dans un an, sur les résultats de la stratégie choisie, fondée sur le postulat qu'une intervention médicale (conseil d'hygiène ou de régime, traitement éventuel par médicament) peut corriger le facteur favorisant du risque cardio-vasculaire ou, au moins en abaisser le niveau, et en conséquence peut diminuer ce risque.
L'opération est limitée à deux ans. En effet, explique Jean-Pierre Capel (chef du département des services médicaux de la SNCF), elle a avant tout un but pédagogique : apprendre aux médecins et infirmiers de l'établissement à utiliser l'outil de mesure du risque cardio-vasculaire global et, dans le même temps, l'outil informatique qui le rend possible. En espérant qu'ensuite ces outils soient intégrés à la pratique quotidienne des personnels de santé et que d'éventuelles études encore plus ciblées soient possibles.
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