D ANS la plupart des études épidémiologiques, une relation a été trouvée entre une consommation modérée d'alcool et une diminution de l'incidence des maladies cardio-vasculaires, coronariennes et vasculaires périphériques, avec une courbe en U, témoignant, au-delà d'un certain apport, d'une augmentation du risque.
L'étude de 87 526 infirmières (âgées de 34 à 59 ans) en est un exemple éloquent. Le risque relatif de cardiopathies ischémiques est de 0,4 pour une consommation de 25 g d'éthanol par jour.
Certaines études se sont intéressées spécifiquement aux effets de la bière. Des chiffres similaires sont trouvés : risque relatif de 0,46 pour une consommation d'alcool pris par la bière de 30 à 40 g quotidiens chez les hommes et de 20 g chez les femmes (le risque relatif est de 1,04 au-delà de 80 g/j).
Lipides et facteurs de la coagulation
Après ajustement pour les facteurs confondants, bière et vin apparaissent exercer le même effet protecteur. L'étude des mécanismes de protection montre une action sur les lipides - augmentation de la concentration en cholestérol HDL et diminution de la part LDL, une action sur la coagulation (modifications du facteur VII).
Les antioxydants, présents sous la forme de composés polyphénoliques dans différentes boissons, pourraient avoir un rôle bénéfique dans la prévention de l'athérosclérose. La preuve a été faite in vitro d'une inhibition de l'oxydation des LDL par des extraits de vin rouge, de vin blanc, de jus de raisin et de bière, directement en proportion avec le contenu de la boisson en polyphénols.
Folates et vitamines B de la bière
La bière pourrait avoir en outre des effets propres liés à son contenu en substances spécifiques capables de participer à la protection cardio-vasculaire : en particulier des folates et des vitamines du groupe B. Les apports vitaminiques fournis par deux à quatre verres par jour de bière sont supérieurs aux besoins minimaux quotidiens. Des micronutriments - acide folique, vitamine B6 - ont une action sur un facteur de risque récemment identifié comme impliqué dans les maladies cardio-vasculaires, l'homocystéine. De fait, une diminution de l'homocystéine a été observée chez les buveurs de bière. Et une diminution des complications cardio-vasculaires a été trouvée dans une étude cas-contrôle réalisée en Tchéquie (Bobak, 2000).
Une étude pilote d'observation de type transversal sur une population francilienne de sujets à risques cardio-vasculaires a été récemment mise en place afin d'étudier les effets de la consommation modérée et régulière de bière sur le risque cardio-vasculaire. Il s'agit de l'étude COBRA (Consommation de Bière et Risque Artériel).
Est considérée comme modérée une consommation de moins de 30 à 40 g d'alcool pur par jour, lesquels correspondent à 0,75 à un litre de bière à 5° ou de 375 à 500 ml de vin à 10°. Un « verre » équivaut en moyenne à 10 g d'alcool pur.
Entretiens de Bichat, communication de C. Alamovitch et J.-L. Schlienger (Paris et Strasbourg).
Des atouts à petites doses
Deux nouvelles nouvelles études ont eu pour objet de démontrer si une consommation modérée de bière peut avoir un effet protecteur cardiaque.
La première (« Epidemiology », 2001 ; 12 : 390-395) avance une réduction de 45 % du risque d'infarctus chez ceux qui, en termes de boissons alcoolisées, consomment exclusivement ou majoritairement de la bière. La deuxième (« International Journal of Epidemiology », 2001 ; 30 : 626-627) suggère l'absence d'élévation d'homocystéine. La troisième (« European Journal of Clinical Nutrition »), enfin, montre que la consommation de bière est associée à une augmentation des concentrations de vitamines B9 et B12 dans le sang ; toutefois, cette étude a porté sur des sujets ayant une consommation excessive (quatre demis par jour).
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