PLUS DE 95 % des patients atteints d'un cancer du pancréas décéderont dans les cinq à dix ans suivant le diagnostic de leur maladie. Les espoirs curatifs étant réduits, cet effroyable pronostic justifie la mise en place de meilleures mesures de prévention.
Ces mesures se fondent actuellement sur quatre axes : l'éradication des facteurs environnementaux favorisants, le diagnostic et le strict suivi des maladies pancréatiques chroniques, le dépistage et le suivi des patients à risques familiaux et, enfin, l'exérèse chirurgicale des lésions précancéreuses.
Le tabac est le principal facteur environnemental impliqué dans l'élévation du risque de cancer pancréatique. Il multiplie ce risque par 2 et serait responsable de 25 % des maladies malignes du pancréas. Une alimentation riche en graisse et un indice de masse corporelle trop élevé pourraient aussi accroître le risque de tumeur pancréatique.
Parmi les maladies favorisant le développement d'un cancer du pancréas, la plus à risque est la pancréatique chronique. L'inflammation du tissu pancréatique multiplie en effet par un facteur de 10 à 20 le risque de transformation tumorale. Le diabète semble également augmenter ce risque, mais seulement d'un facteur 2.
Côté prédispositions génétiques, la liste des affections et des syndromes génétiques associés à une élévation de la fréquence des cancers du pancréas ne cesse de s'allonger. En plus des formes héréditaires de pancréatite chronique (associées à la mutation du gène du trypsinogène cationique PRSS1 ou du gène de l'inhibiteur de la trypsine SPINK1), ces prédispositions génétiques incluent de très nombreux syndromes favorisant le développement de différents cancers. On pense notamment au syndrome HBOC (Hereditary Breast and Ovarian Cancer), à celui de Peutz-Jeghers, ou encore aux syndromes FAMMM (Familial Atypical Multiple Mole Melanoma) et HNPCC (Hereditary Non Polyposis Colorectal Cancer). Il existe également des formes de cancers pancréatiques familiaux proprement dits, non associées au développement d'autres pathologies. Les gènes impliqués n'ont cependant pas encore été identifiés.
Le démembrement anatomo-pathologique et le diagnostic radiologique des différentes affections précancéreuses du pancréas ont, quant à eux, nettement progressé au cours des vingt dernières années. Le cystadénome mucineux (tumeur kystique constituée de macrokyste à contenu mucineux, avec un stroma pseudo-ovarien assez caractéristique à l'examen histologique) et les tumeurs intracanalaires papillaires et mucineuses (lésions dysplasiques de l'épithélium canalaire pancréatique) sont aujourd'hui bien caractérisés. De par leur caractère prénéoplasique, ces deux types de lésions relèvent d'une exérèse chirurgicale prophylactique.
F. Paye, Entretiens de Bichat.
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