De notre correspondant
« Il est scandaleux que les fabricants de fours domestiques ne soient pas contraints d'améliorer la sécurité des portes dont la chaleur peut être extrême et qui attirent la curiosité des enfants qui s'y brûlent les paumes, scandaleux aussi que l'on vende quotidiennement des milliers de plaques électriques démunies de protections, qui provoquent de la même façon, quotidiennement, des brûlures extrêmement graves » : président du 9e Congrès de l'Association européenne de la brûlure et du 21e congrès de la Société française d'étude et de traitement de la brûlure qui viennent de se tenir simultanément à Lyon, le Dr Jacques Latarjet, anesthésiste-réanimateur, responsable du plus ancien centre français de traitement des brûlés (voir encadré), ne mâche pas ses mots.
On sait depuis longtemps que les brûlures viennent largement en tête de tous les accidents domestiques et touchent une proportion importante d'enfants, blessés essentiellement dans la cuisine. Or, estime le médecin, fabricants, associations de consommateurs et pouvoirs publics tardent à réglementer pour améliorer la sécurité des fours, dont les portes de certains modèles peuvent atteindre une température de 100 à 130 degrés. Ce sont des pièges, accuse-t-il, qui provoquent des brûlures au troisième degré des paumes des enfants.
Sa colère n'est pas moindre contre les fabricants de plaques électriques, jugées « insuffisamment protégées », et contre les instances administratives chargées d'édicter les normes de fabrication.
Concernant un troisième risque, celui de la température de l'eau chaude domestique, sa colère ne retombe pas non plus. « Il y a six ans maintenant que notre association nationale de spécialistes négocie au sein d'une commission spécialisée du ministère de la Santé pour obtenir que l'on baisse jusqu'à 50 ou 60 degrés au maximum la température de l'eau sanitaire à la sortie des appareils domestiques. Six ans, et... toujours rien ! » Alors que l'Australie et le Québec viennent d'adopter cette mesure de santé publique, combien de temps encore faudra-t-il pour que la France s'y décide, s'insurge-t-il ? « Il suffit de trois secondes pour que la peau d'une main d'enfant plongée sous une eau à 60 degrés soit entièrement détruite. Nous en avons la preuve tous les jours dans le service. Qu'attend-on ? »
Un pionnier en Europe
Le centre de traitement des grands brûlés de Lyon, premier du genre en Europe avec celui de Birmingham, en Angleterre, a été créé en 1952 par le Dr Colson à l'hôpital Saint-Luc. L'établissement catholique prenait alors en charge la médecine du travail des ouvriers des entreprises du secteur chimique installées le long de la vallée du Rhône, au sud de Lyon, dans le fameux « couloir rhodanien de la chimie ».
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