Entretien avec Dr Philippe Giral (service du Pr Turpin, hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris).
Comme l'a bien mis en évidence l'étude HPS, les statines sont efficaces dans tous les cas de figure, à partir du moment où il existe une athérosclérose qui s'est manifestée cliniquement au niveau des coronaires. En outre, leur rôle est également majeur chez les patients qui ont un risque cardio-vasculaire important (diabétiques, personnes très âgées, insuffisants rénaux, hypertendus [études 4S, HPS, PROSPER, ASCOTT]). Ainsi, chez les patients qui ont une manifestation coronaire, les statines sont efficaces en prévention secondaire et quel que soit le niveau de LDL cholestérol ; aujourd'hui, il est donc possible de dire que tout patient en prévention secondaire ne devrait pas être sans statine, sous réserve qu'il n'ait pas un abaissement isolé du HDL cholestérol ou qu'il n'ait pas d'hypertriglycéridémie (car, dans ces cas, se discute l'indication d'un fibrate).
Chez les patients qui sont à très haut risque cardio-vasculaire (défini par un risque supérieur à 20 % sur dix ans), il est probable que les statines soient efficaces, quel que soit le niveau de LDL cholestérol. Néanmoins, actuellement, en France, l'identification de ces patients n'est pas aisée ; en effet, s'il existe des formules issues de population d'Allemagne ou des Etats-Unis, il est probable que, en France, le risque soit inférieur. Il serait intéressant de les adapter en France, ce qui est actuellement en cours.
Harmoniser les résultats des études
Le problème actuel qui persiste avec les statines est le manque de recommandations générales sur leur utilisation, car, si chaque molécule possède des indications bien définies, les recommandations n'existent pas encore dans ce domaine. En effet, si les différentes études prouvent l'intérêt des statines en prévention secondaire, quel que soit le taux de LDL cholestérol, au niveau des recommandations, le traitement ne s'impose qu'à partir de 1,30 g. Il apparaît donc nécessaire de faire une mise au point et d'harmoniser les résultats des études et les recommandations. En effet, bien que celles-ci datent de 2000, une importante évolution s'est produite depuis.
De nouvelles statines et de nouveaux hypolipémiants, avec un nouveau mode d'action, sont actuellement en cours de développement et devraient prochainement arriver sur le marché.
Le rôle majeur de l'alimentation
Le deuxième fait marquant dans le domaine de la prévention cardio-vasculaire secondaire vient de l'étude de Singh (« Lancet », 2002). Dans cette étude, on prescrit un régime fondé sur beaucoup de légumes, beaucoup de fibres, du poisson (oméga 3), ainsi que des huiles végétales (huile d'olive ou de colza) ; il a ainsi été constaté une baisse de moitié du risque de récidive d'infarctus. Cette étude confirme les résultats de l'étude de Lyon et montre qu'il existe une véritable thérapeutique nutritionnelle de l'infarctus mettant en évidence le rôle majeur de l'alimentation qui représente un tout, un mode de vie. Cette prise de conscience doit être particulièrement importante, car, même si certaines études (GISI, 1999) ont montré que la consommation d'huile de poisson en gélule diminuait de 12 % la survenue d'événements cardio-vasculaires en prévention secondaire, il reste probable qu'avec une alimentation plus harmonieuse (très peu de viande, suppression de la charcuterie, légumes à tous les repas, cuisine faite uniquement avec des huiles végétales) le bénéfice soit plus important. Traitement et régime sont ainsi tout à fait complémentaires pour lutter contre la récidive des événements cardio-vasculaires.
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