ENTRE LE 17 et le 19 août 2004, 7 personnes se sont noyées en mer sur les côtes des quatre départements du Languedoc-Roussillon (Hérault, Aude, Pyrénées-Orientales et Gard). Les conditions météorologiques exceptionnelles (coup de vent force 7 sur le golfe du Lion, s'accompagnant de rafales à 80 km/h et de vagues de 2 m) ne peuvent à elles seules expliquer ce bilan catastrophique. Les baigneurs ont en effet bravé les drapeaux rouges mis en place sur l'ensemble des plages, en affirmant qu'ils « prenaient leurs propres responsabilités ».
Le Dr Pierre Benatia, chef de service des urgences et du Samu au CHU de Montpellier, y voit la preuve que « l'éducation des Français sur les dangers de la baignade reste encore largement à faire ». Si la crise est générale dans notre pays - entre le 1er juin et le 30 septembre 2003, le nombre des noyades a augmenté de 42 % et celui des décès de 73 % -, elle est particulièrement alarmante dans le Languedoc-Roussillon. L'été dernier, en effet, c'est dans cette région que le risque de noyade en mer a été le plus élevé : 152 accidents et 49 décès recensés. Le nombre des noyades en rivière a, lui aussi, augmenté. Avec 9 décès au cours de l'été (plus 25 % par rapport à 2002), l'Hérault devient le deuxième département en termes de dangerosité des cours d'eau. Enfin, dans le même département, en 2003, le nombre des noyades en piscine s'est fortement accru, de 47 %. L'Hérault devient donc le deuxième département le plus touché, derrière le Var.
Pour le Dr Benatia, « ces chiffres s'expliquent autant par le manque de précautions des baigneurs que par une fréquentation plus prolongée des espaces de baignade en raison de la canicule de l'été passé ».
En 2004, les campagnes de communication qui ont accompagné la mise en place du décret de sécurisation des piscines ont permis de diminuer très nettement le nombre des décès de moins de 12 ans dans les bassins privés. « Cette évolution prouve le bien-fondé des campagnes d'information », souligne le Dr Jacques Estorc, praticien hospitalier aux urgences de Nîmes.
Traumatismes médullaires.
C'est pourquoi le CHU de Montpellier et la caisse primaire d'assurance-maladie de Montpellier mettent en place une action de sensibilisation sur les risques des baignades en rivière, piscine et bord de mer. « Nous avons choisi d'axer ce travail, intitulé "Ne plongez pas dans l'inconnu", sur les risques de lésions médullaires en rapport avec les plongeons en eau peu profonde. Si ce type de lésion peut induire indirectement une noyade par impossibilité motrice de nager, elles sont plus souvent associées à des risques de para- ou de tétraplégie », continue le Dr Benatia. En 2003, en moins de 15 jours au début du mois de juillet, 25 lésions médullaires graves ont été prise en charge au CHU de Montpellier. Les neurochirurgiens de la région estiment que, à l'heure actuelle, plus de 50 % des traumatismes de la moelle épinière sont en rapport avec des plongeons en eau peu profonde (le plus souvent à l'occasion d'une entrée dans la mer faite en courant) ou de mauvaises réceptions dans l'eau. La campagne, qui vise à sensibiliser en particulier les jeunes, sera relayée dans les écoles et collèges de la région et pourra être étendue à d'autres départements ou d'autres régions.
Déjà plus de 150 morts
L'enquête Noyades 2004 enregistre tous les cas suivis d'une hospitalisation et/ou d'un décès. Selon les résultats intermédiaires arrêtés au 16 août, ce sont déjà 525 noyades accidentelles et 156 morts (30 %) qui ont été enregistrées. La mer a été la plus meurtrière, avec 42 % des noyades suivies de décès, puis les cours d'eau (21 %) et plans d'eau (18 %). Le nombre de noyades et la proportion des décès parmi celles-ci sont proches en 2002 et 2004 et inférieurs à ceux de 2003, quand la canicule a multiplié les besoins de baignade. Entre le 1er juin et le 9 août, on a recensé 161 morts en 2002, 290 en 2003 et 142 en 2004.
Chiffres sur le site de l'institut national de veille sanitaire : www.invs.sante.fr.
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