Après chaque « incident » (maladie, fracture, hospitalisation pour pose d’une prothèse, décès d’un proche), une personne âgée perd du poids et ne retrouve jamais son poids initial. Contrairement à un jeune qui récupère en 3 mois, elle n’est pas capable de compenser spontanément son amaigrissement pas une augmentation des apports énergétiques.
Une cause de handicap
« Les personnes âgées qui perdent du poids entament à la fois leurs réserves graisseuses et leurs muscles. Une succession d’événements intercurrents mineurs peut rapidement mettre la personne en situation de fragilité », constate le Pr Xavier Hébuterne, CHU de Nice. La sarcopénie multiplie le risque de handicap par environ 2 chez les femmes et 5 chez les hommes. Elle entraîne une faiblesse musculaire qui augmente le risque de chute, mais elle est aussi source de troubles de l’immunité, les muscles constituant la principale réserve d’acides aminés, très utilisés par le système immunitaire.
Environ 25 % de la population de plus de 72 ans consomme moins d’un gramme de protéines par kilo et par jour, une quantité pourtant recommandée. « Les personnes âgées ont tendance à prendre un dîner très léger alors qu’elles devraient manger de la viande ou du poisson à chaque repas, 3 produits laitiers et 5 portions de fruits et légumes par jour. Et pratiquer au moins 30 minutes de marche rapide par jour pour entretenir la masse musculaire. Une supplémentation en calcium et vitamine D est toujours fortement recommandée », insiste le Pr Xavier Hébuterne.
Dépister la dénutrition, c’est simple
Le diagnostic de dénutrition repose sur la présence d’un ou plusieurs des critères suivants : perte de poids ›= 5 % en un mois ou ›= 10 % en six mois ; IMC < 21 kg/m2 ; albuminémie < 35 g/l ; MNA (Mini Nutritionnel Assesment) < 17. En pratique, le questionnaire MNA est surtout utilisé par les gériatres.
Peser la personne âgée lors de chaque consultation est un premier moyen simple de dépister la dénutrition, d’autant que la perte de poids (comme la prise de poids) est souvent niée. Une enquête alimentaire auprès du patient ou de son entourage (à domicile, la visite du frigo est édifiante) permet d’évaluer les apports et de donner des conseils correctifs. Après une hospitalisation, il faut inciter le patient à modifier un peu son alimentation pour récupérer le plus vite possible, et prescrire pendant quelque temps des compléments enrichis en protéines. Pour reconstituer les réserves, l’objectif nutritionnel est de 30-40 kcal/kg/jour et de 1,2-1,5 g protéines/kg/jour.
« Il est important de repérer aussi l’obésité sarcopénique – gros ventre et petits bras. Il est illusoire de diminuer la surcharge de masse grasse, mais il faut reconstituer le muscle, en diminuant les aliments gras et sucrés et en augmentant les apports protéiques. Au-delà d’une certaine proportion, elles sont éliminées dans les urines, les régimes hyperprotéinés ne sont donc pas adaptés », souligne le Pr Xavier Hébuterne.
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