L' HYPERTROPHIE bénigne de la prostate (HBP) peut être considérée comme une maladie chronique évoluant sur le long terme. Les objectifs de son traitement sont triples, a rappelé le Dr Claude Schulman (Bruxelles, Belgique) :
- améliorer rapidement les symptômes ;
- agir sur l'évolution de la maladie et prévenir les complications survenant à moyen et à long terme ;
- respecter la qualité de vie du patient en prescrivant des médicaments qui ne vont pas l'altérer.
La rétention urinaire aiguë (RUA) est une des complications de l'HBP. C'est une indication chirurgicale qui représente entre 25 et 30 % des cas de résection transuréthrale de la prostate. Le taux de RUA est de 6,8 pour 1 000 personnes par an. Ainsi, même avec des symptômes modérés, les hommes âgés de 70 à 79 ans ont 5,5 fois plus de risque d'avoir une rétention aiguë que les hommes âgés de 50 à 59 ans.
Des symptômes avant-coureurs
« La physiopathologie de la RUA est multifactorielle, explique le Dr Schulman. Elle est souvent précédée par des symptômes du bas appareil urinaire, un faible débit mictionnel, une hypertrophie de la prostate et en général un résidu postmictionnel. Sa fréquence croît avec l'âge.
« Le faible débit mictionnel est en général associé à une diminution de la capacité vésicale fonctionnelle et le risque de RUA est alors multiplié par 3 quand le résidu postmictionnel est supérieur à 50 ml. »
En présence de certains symptômes avant-coureurs, il faut donc envisager un traitement, notamment par un alphabloquant comme l'alfuzosine.
Dans une étude contrôlée versus placebo réalisée chez 953 patients, l'alfuzosine a réduit significativement le résidu postmictionnel ; cet effet était encore plus marqué chez les patients qui avaient au départ un résidu important (1). L'action des alphabloquants sur les différents facteurs de risque pourrait expliquer leur efficacité à prévenir la RUA.
Lors d'un traitement prolongé par des alphabloquants, la diminution de l'incidence de RUA et/ou d'indication chirurgicale a également été observée. Ainsi, dans une étude contrôlée menée contre placebo chez 518 patients sous alfusozine, 7 patients dans le groupe placebo et seulement un patient dans le groupe traité ont présenté une RUA (2). Des résultats similaires ont été retrouvés à partir d'une étude prospective menée sur trois ans chez 3 228 patients traités par alfuzosine (3). Le faible nombre d'épisodes de RAU observés sous alfusozine pourrait être attribué à son action sur le volume mictionnel résiduel.
Des études prospectives sont nécessaires pour confirmer l'intérêt des alphabloquants dans la prise en charge de l'HBP à long terme.
L'altération de la qualité de vie
En dehors du risque de rétention aiguë d'urine, d'autres symptômes urinaires moins graves, mais relativement fréquents chez le sujet âgé, peuvent être à l'origine d'une réelle altération de la qualité de vie. Des échelles conçues pour mesurer ces symptômes sont largement utilisées à travers le monde. Le plus connu est le score international des symptômes prostatiques (IPSS) qui mesure la sévérité et la fréquence des symptômes urinaires. Des mesures de l'état de santé ou de la qualité de vie moins utilisées peuvent également contribuer à apprécier la gêne ressentie par le patient.
Dans la mesure où l'HBP et la dysfonction sexuelle sont fréquemment liées chez l'homme âgé, et que de nombreux traitements de l'HBP, à la fois chirurgicaux ou médicaux sont susceptibles d'avoir un retentissement sur la sexualité, ce dernier paramètre ne doit pas être négligé. En bref, la gêne entraînée par les symptômes, mais aussi la sexualité et plus globalement la qualité de vie entrent en ligne de compte pour choisir le traitement (4 et 5).
(1) McNeill S. A. et coll. « Urology » 2001 ; 57 : 459-465.
(2) Jardin A. et coll. « Lancet » 1991 ; 337 : 1457-1461.
(3) Luckacs B. et coll. « Prostate Cancer and Prostatic Diseases » 1998 ; 5 : 276.
(4) Lepor H. et coll. « Urology » 1998 ; 51 : 901-906.
(5) Debruyne FMJ et coll. « Eur. Urol. » 1998 ; 34 : 169-175.
D'après un symposium organisé par les Laboratoires Sanofi-Synthélabo
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