40e REUNION ANNUELLE DE L'ASSOCIATION EUROPEENNE POUR L'ETUDE DU DIABETE (EASD) 5-9 SEPTEMBRE 2004 - Munich

Prévalence et incidence s'élèvent de concert

Publié le 07/10/2004

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Diabète de type 2

LA PREVALENCE DU DIABETE (la proportion de la population qui présente la maladie) est conditionnée par l'incidence (le risque de développer un diabète), mais aussi par d'autres facteurs comme : l'espérance de vie des malades, des caractéristiques démographiques (proportion de personnes âgées dans la population), proportion des cas de diabète non diagnostiqués... L'augmentation de l'incidence, elle, dépend d'une éventuelle modification des gènes de susceptibilité ou de modification de facteurs de l'environnement.
Un travail, présenté par Knut Borch Johnsen (Danemark) et Stephen Colagueri (Australie), qui s'appuyait sur les données de l'étude Detect-2 (Evaluation of screening and early detection strategies for type 2 diabetes and impaired glucose tolerance), a analysé ces différents facteurs. L'objectif premier de Detect-2 (170 000 patients) était d'étudier les stratégies de prises en charge du diabète dans 32 pays ; mais la richesse des informations collectées permet bien d'autres analyses. L'analyse présentée à Munich, consistait à comparer l'évolution des facteurs susceptibles de modifier la prévalence du diabète en quelques années, dans quatre pays (Finlande, Inde, Samoa une île du Pacifique, Etats-Unis).
Premier enseignement, la prévalence a augmenté dans les quatre régions analysées (+ 3,4 % en Finlande entre 1987 et 1992 ; + 5,8 % en Inde entre 1993 et 2000 ; + 6,1 % à Samoa entre 1991 et 2002 ; + 2,8 % aux Etats-Unis entre 1978 et 1991).
Tout d'abord, il convient de souligner le changement des critères diagnostiques du diabète, intervenu au milieu des années 1990 ; dans le cas où l'abaissement du seuil de normalité glycémique est intervenu entre les deux enquêtes, il aura pour effet d'augmenter la prévalence de la maladie. Rappelons que la définition du diabète est passée d'une glycémie à jeun ≥ 7,8 mmol/l à une glycémie à jeun > 7,0 mmol/l ; la norme de la glycémie 2 heures après le repas n'a pas changée (11,1 mmol/l).
En ce qui concerne la proportion des diabètes non diagnostiqués, la situation est très différente selon les pays. En Finlande, en Inde et dans les îles du Pacifique, elle a augmenté alors que, aux Etats-Unis, elle a diminué (mais elle reste élevée puisque la moitié des diabétiques ne connaissent pas l'existence de leur maladie). Toutefois, il semble que le dépistage du diabète dans les populations obèses se soit amélioré (chez les sujets avec un IMC > 35, 83 % des diabètes sont diagnostiqués).
Le troisième facteur est l'augmentation régulière de l'espérance de vie des patients, qui néanmoins diffère selon les pays. Toutefois, dans le laps de temps relativement court sur lequel portait l'analyse, ce paramètre ne peut intervenir que faiblement.
Le quatrième facteur est l'âge auquel est fait le diagnostic, qui s'abaisse lui aussi régulièrement, soit parce que le diagnostic est porté plus précocement, soit parce que la maladie débute chez des sujets plus jeunes (ce dernier paramètre reflétant une augmentation de l'incidence). En cinq ans, l'âge du diagnostic a reculé de 0,45 an en Finlande, de 0,35 an en Inde, de 1,35 an à Samoa et de 0,30 an aux Etats-Unis. Ce paramètre semble donc intervenir dans l'augmentation de la prévalence à Samoa mais pas dans les autres pays analysés.
Parallèlement à ce phénomène, le vieillissement de la population générale peut lui aussi participer à l'augmentation du nombre de diabétiques (la fréquence de la maladie augmentant avec l'âge). Là encore, le temps de l'analyse est trop bref pour que ce facteur intervienne effectivement ; excepté en Inde.

L'épidémie est une réalité.
Il ressort de cette étude, que l'épidémie de diabète de type 2 annoncée soit bien une réalité, la progression du nombre de malades ne pouvant être entièrement attribuée à des facteurs autres que l'augmentation de l'incidence de la maladie. Des études complémentaires doivent être mises en place pour confirmer ces résultats ; il faudra répéter les enquêtes dans les mêmes régions avec des durées d'observation plus longues, étendre ces études à d'autres régions et élargir les tranches d'âges observées.

> Dr DENISE CARO