Prestige de l'art africain

Publié le 28/06/2001
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ANTIQUITES

PAR FRANÇOISE DEFLASSIEUX

I L aura fallu la mort prématurée, il y a un peu plus d'un an, d'Hubert Goldet, pour voir arriver sous le marteau du commissaire-priseur cette fabuleuse collection, « fruit de trente ans de passion nourrie avec intelligence », truffée de ces pièces de légende réputées introuvables.

On sait que les premières collections du début du XXe siècle, réunies par les artistes, ont été à l'origine des courants picturaux modernes, comme le cubisme et l'abstraction. Hubert Goldet, lui, a fait le chemin inverse. C'est l'art moderne et contemporain qui l'a conduit à s'intéresser à l'art africain. Les spécialistes de la discipline, experts, antiquaires, collectionneurs... rendent un hommage unanime à son discernement de découvreur, et à sa capacité à payer le prix fort une pièce exceptionnelle, comme à chiner pour quelques centaines de francs un joli objet d'art populaire.
Les 650 lots qui composent le catalogue sont le reflet de cet éclectisme et de cette diversité. Ils vont du colifichet de perles de verre à 500 F à la sculpture de provenance prestigieuse, à plusieurs millions.
Dans les années 1970, quand Hubert Goldet a commencé sa collection, plusieurs grandes collections d'avant-guerre sont arrivées sur le marché. Une des plus prestigieuses fut la collection Rasmussen en décembre 1979, dont provient justement la pièce la plus chère de la vente : une grande statue reliquaire Ambété du Gabon, en bois polychrome adjugé à l'époque près de 700 000 F frais compris. On en attend aujourd'hui entre 4 et 6 MF
L'objet le plus séduisant, un de ceux auxquels le collectionneur tenait le plus, est une petite statuette Baoulé (26cm) plaquée de feuilles d'or finement ciselée de motifs géométriques et agrémentée d'une ceinture de perles, estimée 300 000/400000 F.
Ces pièces rares sont évidemment les locomotives de la vente Goldet, celles qui vont rassembler à Drouot-Montaigne la fleur des collectionneurs internationaux. Elles n'en sont pas l'unique intérêt, au contraire. Plus qu'à leur qualité (incontestable), ces pièces au dessus du million de francs doivent leur estimation à leur rareté et à leur pedigree, garant d'une incontestable authenticité.
Dans la fourchette des 100 000 F et plus, et même dans celle des 50 000/90 000 F, on est encore dans le top, et on peut convoiter des objets d'une exceptionnelle qualité.
Mais le principal intérêt d'une telle collection, c'est finalement qu'elle s'adresse à tout le monde, aussi bien au collectionneur chevronné et fortuné, qui disputera au plus haut l'objet inespéré, qu'à l'amateur débutant, qui pourra commencer sa collection avec un objet peu coûteux, comme on doit le faire. Ou celui qui se cantonne dans une catégorie bien précise d'objets. Comme les bijoux du Mali ou Côte d'Ivoire, accessibles à partir de 500/700 F, les poulies de métier à tisser, objets rituels, toujours ornés d'un motif sculpté, dont les plus modestes valent 10 000/30 000 F et jusqu'à 70 000 F les plus spectaculaires. Entre 3 000 et l5 000 F, les appuie-tête en bois patiné sont des objets très décoratifs. Tout comme les « pig charms » de bois (à partir de 7/8 000 F), qui ont le pouvoir de piéger les cochons sauvages !
Un mot pour le volumineux catalogue bilingue de 300 pages, « tout en couleurs », « ouvrage de référence », selon l'expression consacrée, truffé de légendes-notices très détaillées pour les principales pièces et de textes explicatifs sur certaines catégories de collection qui seraient fort intéressantes si elles n'étaient imprimées blanc sur noir, donc illisibles.

Samedi 30 juin (14 h 30 et 19 h 30) et dimanche 1er juillet (14 h 30). Maison de la Chimie, 28, rue Saint-Dominique, 75007 Paris. Etude François de Ricqlès.

DEFLASSIEUX Franoise

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6947