L E mercure, dont on connaît la toxicité pour l'environnement, s'accumulant dans la mer, on a déjà abandonné les thermomètres à mercure. Reste les « appareils à tension » (sphygmomanomètres) à mercure. Or, comme on utilise de plus en plus des appareils sans mercure, on observe un abandon progressif des appareils à mercure, en attendant qu'ils soient à leur tour bannis. Et d'ailleurs, l'an dernier, dans « J Hum Hypertens » (2000 ; 14 : 31-36), l'équipe de Markandu annonçait la couleur sous le titre : « Les sphygmomanomètres à mercure devraient être abandonnés avant d'être interdits. »
« Si une colonne de mercure n'est plus utilisée pour mesurer la pression sanguine, devrions-nous continuer à utiliser les mmHg ou nous mettre à parler de kPa (kilopascal) ? », se demande Graham MacGregor (unité de pression artérielle, hôpital Saint-George, Londres), dans une lettre au « Lancet ». « Les médecins se sentent à l'aise avec les mmHg conventionnels, mais cette unité n'a pas plus de signification pour les individus hypertendus que les kPa en ont pour les médecins. »
Le cheval du révérend Stephen Hales
« Peut-être, poursuit le Londonien, une mesure plus significative de la pression artérielle est la hauteur d'une colonne de sang. » Cette technique, raconte-t-il, a été utilisée quand la pression sanguine a été mesurée pour la première fois par le révérend Stephen Hales.
En 1733, en effet, le révérend Hales a inséré une tige de cuivre dans l'artère crurale d'un cheval, l'a connectée à une colonne en verre et a mesuré la pression sanguine systolique par la hauteur de la colonne de sang au-dessus du ventricule gauche - chez ce cheval, 8 pieds 3 inches (251 cm).
Pour une colonne de sang, explique MacGregor, une pression sanguine de 200/110 mmHg chez un patient hypertendu correspond à une pression de 272/150 cm de sang (cmb pour Centimeter Blood). Si la pression est abaissée à 140/85 mmHg, cela signifie une réduction de 82/34 cmb, donc 190/116 cmb. « Cette simple mesure est d'emblée parlante pour les patients », estime MacGregor. On pouvait leur montrer en consultation ce que cela représente sur une colonne d'un liquide ayant la couleur du sang, afin de leur faire comprendre ce qu'est une hypertension par rapport à une tension normale et, donc, la nécessité d'abaisser leurs chiffres.
Une étude pilote
Une étude pilote, malheureusement sans cette colonne, a montré que les patients « évaluent bien plus facilement l'importance d'une tension anormalement haute, ses risques d'hémorragie cérébrale et la nécessité de la réduire ».
« Une meilleure compréhension d'une tension élevée et d'une tension cible pourrait être importante pour réduire le nombre d'AVC et d'accidents cardiaques liés à un mauvais contrôle tensionnel », conclut MacGregor.
« Lancet » du 5 mai 2001, p. 1452 (lettre).
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