La très grande majorité des nouveaux conseils d'administration des caisses primaires d'assurance-maladie est désormais installée, même si la procédure s'étale officiellement jusqu'au 15 novembre.
Alors qu'à la tête de la CNAM, le statu quo a été choisi le 10 octobre dernier avec la réélection aisée de Jean-Marie Spaeth, candidat de la CFDT (11 voix contre 3 à son adversaire de Force ouvrière, Jean-Claude Mallet), il n'en est pas de même dans toutes les caisses locales.
La décision du Medef et de la CGPME de ne plus siéger dans les organismes de Sécu au titre des employeurs a, en effet, conduit à une profonde redistribution des cartes et à de nombreux changements de présidences, au gré des alliances tactiques et opportunités diverses.
FO ne perd pas de terrain
Sur les 94 caisses locales dont « le Quotidien » a pris connaissance des résultats, la CFDT arrive largement en tête avec 35 présidences acquises, un chiffre déjà proche du total actuel (39). FO, qui semble isolée au sein de la CNAM (elle n'a pas approuvé les axes de travail du nouveau conseil d'administration), ne perd pas de terrain dans les caisses primaires. Avec 21 présidences remportées, elle devrait même faire mieux que les 24 actuelles, qui correspondaient, il est vrai, au déclin très net enregistré par FO en 1996 (voir encadré). La CFE-CGC a seulement 14 présidences et devrait perdre une partie de son influence (elle détenait 26 caisses primaires). Selon ces résultats, la CFTC resterait stable avec 7 présidences contre 8 actuellement.
En revanche, la CGT et, dans une moindre mesure, la Mutualité française profitent directement de la nouvelle donne. Avec déjà 7 présidences de caisses (Besançon, Haguenau, Niort, Privas, Sélestat, Valenciennes, Vesoul) contre aucune auparavant, la confédération présidée par Bernard Thibault réalise une remarquable percée. Dès septembre, le secrétaire général de la CGT affirmait que son syndicat avait « vocation à assumer les responsabilités dans les organismes de gestion de la Sécu ».
Quant aux représentants mutualistes, ils ont répondu à l'objectif minimal fixé par Jean-Pierre Davant, président de la FNMF, qui était de porter un plus grand nombre de responsables de la Mutualité à la tête des caisses. C'est chose faite avec déjà 6 présidences de caisses (contre 2 en 1996 et une troisième acquise en cours de mandature). « Vous avez autant de légitimité que les responsables syndicaux et patronaux », avait lancé Jean-Pierre Davant aux chefs de file mutualistes à l'occasion de leur journée de rentrée, mi-octobre. Enfin, l'Union professionnelle artisanale (UPA), organisation mise, malgré elle, sous les feux des projecteurs après le départ du Medef et de la CGPME, n'a pas repris la place qui était celle des employeurs. Alors que le patronat détenait une trentaine de présidences de caisses, l'UPA n'en conserve pour l'instant que quatre.
Il y a cinq ans, la victoire des partisans du plan Juppé
En 1996, la CFDT et le patronat (CNPF et CGPME) étaient sortis vainqueurs des élections aux conseils d'administration des CPAM, détrônant FO, qui subissait un très net déclin (24 présidences conservées sur 79). Ces scrutins consacraient, au sein des caisses locales, la nouvelle majorité des partisans du plan Juppé de réforme de la Sécurité sociale ; elle s'était formée dès la fin de l'année 1995 et avait déjà abouti à l'éviction de FO de la présidence de la CNAM (au profit du candidat de la CFDT, Jean-Marie Spaeth).
Au sein de ce pôle réformateur, la CFTC avait eu du mal à tirer son épingle du jeu dans les caisses primaires avec 8 présidences acquises (au lieu de 11). Mais c'est surtout la Mutualité française, également favorable au plan Juppé, qui pouvait être déçue. Alors qu'elle visait une vingtaine de caisses locales, elle n'avait obtenu difficilement que deux présidences. Jean-Pierre Davant, président de la Mutualité française, avait reproché à la CFDT et au CNPF d'avoir «systématiquement écarté» les représentants mutualistes.
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