Noël Renaudin, président du Ceps (Comité économique des produits de santé, instance notamment chargée de la fixation du prix des médicaments), était l’invité des « Rencontres Lipp », organisées conjointement par « Décision Santé » et « le Quotidien du Médecin ».
Cette rencontre a été l’occasion pour Noël Renaudin d’annoncer que l’accord-cadre (convention qui lie l’industrie pharmaceutique et le Ceps) venait d’être renouvelé. Un accord qui tient en trois lignes, selon Noël Renaudin, lui-même : «L’accord signé en 2003 est prorogé jusqu’au 31décembre 2009. Nous allons évidemment entamer des discussions pour l’améliorer, mais nous considérons comme essentiel le lien conventionnel qui nous unit.» Et au nombre des améliorations qui pourraient faire l’objet d’un avenant à cet accord-cadre, Noël Renaudin cite «le montage d’une procédure qui donnera plus de transparence aux industriels sur la date effective d’extinction de leurs brevets».
Un point important dans la mesure où, aujourd’hui aux Etats-Unis, et peut-être demain en France, certains industriels voient des concurrents mettre sur le marché des génériques d’un de leurs médicaments avant même l’expiration du brevet.
Une nouvelle « année dure ».
Le président du Ceps a abordé la question de la décélération des ventes de médicaments en France. «En 2005, compte tenu du démarrage de la réforme de l’assurance-maladie, les résultats ont été un peu poussifs. Aujourd’hui, l’empilement des mesures fait que, effectivement, il y a un arrêt brutal de la croissance du chiffre d’affaires de l’industrie.» Mais cela ne suffit pas à Noël Renaudin : «Dès l’origine, nous avions annoncé trois ans de purge. Si bien que 2007 sera encore une année dure pour l’industrie. Après, on se réinstallera dans quelque chose de plus supportable.»
Au-delà de ces trois années de purge annoncées, Noël Renaudin estime que, indépendamment de la réforme, «il y a un changement profond dans le modèle économique du médicament».
Selon le président du Ceps, on est en train de passer à un modèle dans lequel «on ne pourra plus compter sur une croissance à deux chiffres. Les labos vont devoir reconsidérer leur modèle». Pour Noël Renaudin, il y aurait en France une prise de conscience de ce que «la volonté de payer n’est pas infinie, et qu’elle devient une décision collective. Il faut repérer les innovations qui méritent plus d’argent. Certaines autres n’en méritent pas».
Autre sujet d’inquiétude des industriels du médicament : la recherche d’une convergence des prix demandée par Xavier Bertrand dans la lettre d’orientation qu’il a adressée au Ceps. «Il n’est pas question de mettre en oeuvre une réforme à l’allemande dans laquelle nous fixerions un prix de référence par classe thérapeutique», a assuré Noël Renaudin. Pour le président du Ceps, si ces prix de référence sont possibles dans les classes génériques, car elles contiennent des médicaments qui sont presque identiques, il n’en va pas de même lorsque ces produits sont différents, comme c’est le cas dans les classes thérapeutiques.
«Cependant, ajoute le président du Ceps, si les médicaments de la même classe thérapeutique sont différents, comme l’atteste le brevet que chacun possède, il y a, malgré tout, parenté entre eux. Il est donc légitime de ne pas accepter de différences de prix trop importantes, qui seraient contre nature.»
Mais le Ceps compte-t-il instaurer un seuil au-delà duquel les différences de prix seront systématiquement gommées ? Non, répond Noël Renaudin, pour qui «il ne faut pas tout verrouiller». Selon lui, s’il y a de grosses ressemblances dans certaines classes thérapeutiques, comme celle des inhibiteurs de la pompe à protons, c’est moins vrai pour celle des statines, par exemple.
Mais le Ceps espère toujours arriver par la négociation, avec les industriels, à faire baisser rapidement les prix de certains médicaments, pour que ces baisses soient effectives avant la fin de l’année.
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