« Natacha, 18 ans, consulte seule pour renouveler sa pilule. A cette occasion, elle demande si elle doit se faire vacciner contre le cancer du col de l'utérus... Son médecin finit par apprendre qu'elle vit mal le cancer du sein qui vient d'être diagnostiqué chez sa mère... »
Ecouter au-delà de la demande
« Pour les 12-25 ans, être en bonne santé ne signifie pas être except de maladie mais être bien dans sa peau, dans sa tête », écrit le Dr Xavier Pommereau en préambule d'un rapport sur la « santé des jeunes »*. Chez les adolescentes, c'est à l'occasion d'une demande de contraception ou une autre consultation d'apparence banale que peut s'exprimer une demande d'aide ou d'information sur une crainte diffuse : risques d'infections sexuellement transmissibles (IST), peur d'être enceinte, rupture affective, conflit avec les parents, addictions... Il est parfois nécessaire de voir l'adolescente seule pour que puisse s'exprimer ce type de demande (voir encadré). Mais ce sont parfois des comportements à risque chez l'adolescente ou une baisse de performances scolaires qui mettent le médecin en alerte sur un mal-être dont il doit favoriser l'expression.
Le respect dans la relation
Age de tous les risques, l'adolescence est caractérisée par des besoins de dépendance affective et en même temps par la nécessité de devenir autonome. C'est dans ce paradoxe que s'inscrit la relation à l'adolescente en médecine, une relation fragile qui peut vite se rompre. Aussi est-il important pour le médecin de rester contenant vis-à-vis de l'adolescente mais en même temps de s'intéresser sincérement à elle en l'écoutant et en lui posant des questions. Dans tous les cas, respecter et se faire respecter est un préalable à une relation structurée et structurante qui puisse s'inscrire dans la durée.
Informer en adaptant son discours
C'est à partir de cette demande exprimée que le médecin peut éduquer ou donner des informations susceptibles d'aider l'adolescente : la prévention des risques d'IST, des risques de grossesse, contraception du lendemain, vaccination contre le HPV, suivi psychologique après une rupture sentimentale, conseils sans prendre parti lors d'un conflit avec les parents ou l'école... Dans tous les cas, le discours du médecin doit s'adapter à celui de l'adolescente pour s'en faire comprendre mais sans démagogie car l'adolescente a besoin pour se structurer que les différences générationnelles soient préservées, en particulier dans la relation de soins. La confiance de l'adolescente envers le médecin, parfois d'emblée acquise quand il l'a soignée quand elle était petite, est essentielle pour la crédibilité de cette information délivrée.
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