Près d'un diabétique sur deux atteint de troubles de l'érection, en France

Publié le 02/09/2001
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« L ES recommandations de l'ANAES émises dans le cadre du suivi médical des patients diabétiques, soulignent la nécessité de rechercher des troubles de l'érection », rappelle le Pr Michel Pinget (CHU Strasbourg). L'impuissance, complication microangiopathique du diabète, pourrait en effet représenter la manifestation la plus précoce et la plus fréquente de la neuropathie autonome diabétique.

Afin de mieux préciser l'incidence des troubles de l'érection dans une population de diabétiques français, l'AFD (Association française des diabétiques), a adressé un courrier à un échantillon représentatif de 2 171 hommes choisis aléatoirement dans le fichier de l'association. Au total, 507 dossiers contenant le questionnaire de l'International Index of Erectile Function (IIEF), auquel le conseil scientifique de l'AFD a ajouté des questionnaires sur la qualité de vie, sur le diabète et ses complications, ont pu être retenus. Ces dossiers concernaient des patients diabétiques de type 1 pour 60,9 % des cas et de type 2 pour 39,1 % des cas, âgés respectivement de 52 ± 12 ans et 60 ± 10 ans. Leur affection avait évolué en moyenne depuis 19 ans pour les premiers et depuis 13 ans pour les diabétiques de type 2. « Il faut noter que ces patients étaient remarquablement bien équilibrés puisque l'hémoglobine A1c moyenne était respectivement de 7,5 ± 1,3 % pour les diabétiques de type 1 et de 7,1 ± 1,3 % pour les diabétiques de type 2 », souligne le Pr  Pinget.
Au total, 41,2 % de l'ensemble de cette population (37,7 % des diabétiques de type 1 et 47 % de type 2) souffrait de dysfonction érectile en se référant aux critères définis par les auteurs (score IIEF inférieur à 12).

L'âge et la durée d'évolution du diabète

L'analyse unidimensionnelle montre que les paramètres significativement associés à la dysfonction érectile sont l'âge, la durée d'évolution du diabète, l'index de masse corporelle (IMC), le nombre de médicaments destinés à lutter contre l'hypertension prescrits, le niveau d'études, la profession, la qualité de vie, la qualité de relation avec la partenaire, le taux d'hémoglobine A1c l'activité physique, le nombre de pathologies et de complications diabétiques associées (notion de rétinopathie, d'angor, de neuropathie, d'artériopathie, d'accident vasculaire cérébral, de plaies chroniques des pieds).
L'analyse en régression logistique a permis de retenir 5 paramètres significativement et indépendamment liés à l'existence d'un dysfonctionnement érectile. « Il s'agit par ordre décroissant de l'âge, de la qualité de la relation avec la partenaire, de la durée d'évolution du diabète, de l'existence d'une neuropathie ou d'une arthropathie des membres inférieurs ou d'un mauvais équilibre glycémique », analyse le Pr Pinget. En revanche, le type de diabète, la situation familiale, la consommation de tabac ou d'alcool, le profil lipidique, la fonction rénale, les antécédents d'infarctus du myocarde ou de dépression ne semblent pas influer sur la fonction érectile.
« Les principaux facteurs associés à la dysfonction érectile sont donc ceux de la population générale : âge et qualité de la relation avec la partenaire et le diabète n'intervient que par sa durée, la qualité de son équilibre et ses complications notamment neurologique », conclut le Pr Pinget.

Une conférence de presse organisée par les Laboratoires Pfizer.

Dr Isabelle CATALA

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6958