LES PREMIERES MESURES du plan Urgences - 480 millions d'euros sur cinq ans, dont 150 millions versés dès 2004 - viennent d'être annoncées. « Moins d'un mois après la notification de la circulaire budgétaire, ce sont 483 postes médicaux et paramédicaux qui ont été créés au sein des Samu-Smur », indiquait le ministère de la Santé en fin de semaine. Ces créations se répartiront comme suit : 134 postes de permanencier, 171 d'infirmier, 99 de praticien hospitalier, 31 d'ambulancier et 48 d'aide-soignant.
L'argent correspondant (20 millions d'euros) a été délégué aux agences régionales de l'hospitalisation (ARH) au début de février et, dès le 14 février, certains établissements ont reçu le financement, indique le pilote du plan Urgences, le Dr Pierre Mardegan. Exemples à l'appui : « Certains hôpitaux, notamment à Saint-Brieuc, Auxerre et Rennes, ont déjà reçu l'argent. Celui de Mulhouse a même commencé le recrutement. Les urgentistes que j'y ai rencontrés ces jours-ci sont ravis car les améliorations sont visibles immédiatement. » Le Dr Mardegan affirme que, partout en France, « les procédures de recrutement commenceront dès la fin du premier trimestre ». Les postes créés dans les Smur et Samu seront occupés « dès cet été », affirme-t-il.
Le Dr Mardegan veut rassurer les Samu et Smur que les ARH n'auront pas jugé prioritaires et qui, par conséquent, ne toucheront rien cette année : « Le plan Urgences s'étale sur cinq ans. D'autres enveloppes suivront plus tard. »
Le Dr Marc Giroud, qui préside Samu de France, juge l'avancée « majeure ». Car, rappelle-t-il, le plan Urgences, dans sa version initiale de septembre 2003, ne proposait de créer en 2004 « que » 20 postes de médecin dans les Samu, et aucun dans les Smur. « Nettement insuffisant », n'avait-il eu de cesse de répéter. « De 20, nous sommes passés à 99 : notre message semble avoir été compris », se réjouit le Dr Giroud, pour qui, même s' « il reste du chemin à faire », en particulier pour renforcer l'effectif des permanenciers et des infirmiers, le sentiment est globalement positif : « A ma connaissance, tous les établissements ont reçu l'argent, ils savent combien de postes ils peuvent créer dans leurs Smur et Samu. Il faut souligner la dynamique de la démarche et l'attitude de dialogue du ministère », déclare le président de Samu de France.
Triste mine dans les services d'urgence.
Si la satisfaction est clairement affichée du côté des Samu et des Smur, on fait plutôt triste mine du côté des urgences. Le Dr Patrick Pelloux aurait aimé que ces 483 créations d'emplois soient mutualisées avec les services d'urgences. Le président de l'Amuhf (association des urgentistes hospitaliers de France) constate qu'aucun financement supplémentaire n'est arrivé dans les services d'urgences et craint que les 150 millions d'euros prévus pour 2004 par le plan urgences ne soient attribués qu'en amont - Samu, Smur et médecins libéraux - et qu'en aval des urgences - lits de soins de suite, services gériatriques, etc. « Les urgentistes sont fatigués, nous voulons que le plan Urgences serve aussi à créer des emplois dans nos services de manière à améliorer le temps médical », demande-t-il.
Le président du SUH (Syndicat des urgences hospitalières), le Dr Dominique Sebbe, précise toutefois que ces créations ne serviront à rien sans une nouvelle hausse du numerus clausus (à 7 000, souhaite-t-il), car, aujourd'hui, seulement 60 % des postes existant de médecins aux urgences sont pourvus.
Le ministère de la Santé précise que les autres axes du plan Urgences sont en phase de concrétisation. Un nouveau point d'étape sera réalisé avant la mi-avril à propos du renforcement des services gériatriques et l'orientation au sein des services d'urgences. Quant au développement des lits de soins de suite, il est en cours, et sera opérationnel avant l'été, toujours selon le ministère.
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