La chirurgie bariatrique est une des solutions qui a le vent en poupe pour la gestion de l’obésité morbide et de ses complications. En France, 30 000 chirurgies bariatriques ont été réalisées en 2011. Pour la majorité, il s’agit de chirurgie de type Roux en Y créant un bypass gastrique et alliant ainsi restriction et malnutrition puisque le jéjunum est exclu alors qu’il est le site d’absorption de nombreux nutriments dont le calcium et la vitamine D.
Après chirurgie bariatrique, la diminution de la densité minérale osseuse paraît d’autant plus grande que la perte de poids est plus importante. De plus, cette perte densitométrique est plus forte et variable en fonction du type de technique. Dans l’étude récente de Yu Ew et al. (1) même si la durée de suivi est encore modeste, la perte densitométrique la plus importante est obtenue après chirurgie de type bypass Roux en Y. De plus, le site de perte principale est la colonne rachidienne. Une étude récente de Schafer A et al. (2), présentée au congrès de l’ASBMR 2014, a permis de démontrer que même en optimisant le statut vitaminique D, l’absorption fractionnelle du calcium était très abaissée après cette chirurgie bariatrique, sans doute du fait du pontage du jéjunum.
Il est difficile de conclure quant au risque fracturaire occasionné par cette chirurgie, mais l’étude récente de Nakamura KM et al. (3) paraît intéressante. Il s’agit d’une population de 258 patients opérés pour la grande majorité par la technique du bypass (94 %), le suivi total est de 7,7 ans et le risque fracturaire est multiplié par 2,3 toutes fractures confondues, cette augmentation étant statistiquement significative par rapport à la population générale appariée en âge et en genre.
Ainsi, au total, une perte osseuse est vraisemblablement associée à la chirurgie bariatrique en particulier à la technique la plus fréquemment utilisée de bypass Roux en Y. Le risque fracturaire semble augmenté même s’il est difficile de conclure quant au rôle propre de l’obésité par rapport à celui de la souffrance osseuse consécutive à la chirurgie et liée en partie à la malnutrition. Quoi qu’il en soit, l’évaluation de la santé osseuse et du risque de fracture est réellement à considérer chez les patients candidats à ce type de chirurgie.
D’après la communication du Dr Éric Lespessailles, Orléans
(1) Yu EW et al. J Bone Miner Res 2014;29:1507-18
(2) Schafer A et al. ASBMR 2014, communication orale Abstract 1077
(3) Nakamura KM et al. Osteoporos. Int. 2014;25:151-8
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