LES RÉSULTATS d'une étude pilote de transplantation de disque intervertébral, au niveau cervical, sont publiés dans le « Lancet ». Ils portent sur cinq patients, opérés en Chine, voici plus de cinq ans. Et, comme le rapportent les chirurgiens, Dike Ruan (Pékin) et coll., «malgré des signes de dégénérescence discale modérée, la mobilité et la stabilité du secteur rachidien ont été préservées après la transplantation de disques intervertébraux allogéniques, frais-congelés».
Quatre patients et une patiente, âgés de 41 à 56 ans, ont été enrôlés, entre mars 2000 et janvier 2001, en raison d'une hernie discale. Après une discectomie antérieure, ils ont bénéficié de la greffe composite.
Aucune réaction immunitaire.
A plus long terme, au minimum cinq ans, les symptômes neurologiques des patients s'étaient largement améliorés par rapport à leur niveau antérieur. Aucune réaction de type immunitaire n'était notée. Le suivi par IRM ne montrait que des signes modérés de dégénérescence. Tous les disques, sauf un, ont conservé des flexions sagittales de 7 à 11,3°. L'imagerie montrait, enfin, que deux greffons au moins ont conservé un certain niveau d'hydratation.
Ces interventions représentent l'aboutissement de douze ans d'expérimentation sur l'animal, des primates. Ces travaux préliminaires avaient été menés par autogreffes, allogreffes et allogreffes après congélation. Ils avaient confirmé que l'intervention était réalisable à la fois techniquement et biologiquement.
Il faut se souvenir que le remplacement artificiel du disque lésé est l'une des deux options thérapeutiques possibles. L'autre mode de remplacement est biologique. Il se fonde sur des facteurs de croissance et des cellules souches destinés à favoriser le repeuplement du nucleus pulposus. Mais les propriétés biomécaniques de ce nouveau disque demeurent inconnues, ce d'autant plus que l'anneau fibreux est dégradé. Le remplacement chirurgical semble donc plus favorable. Il offre un organe jeune, non dégénéré, favorable à la survie ou à la régénération d'un noyau endogène ou exogène. Autre avantage de la greffe, l'anneau fibreux et le nucleus pulposus n'ont qu'une faible antigénicité en raison de l'absence de cellules et de leur faible vascularisation. La majorité du risque antigénique peut provenir de la présence d'os vivant et de moelle sur l'extrémité osseuse. Un obstacle qui est contourné par un lavage soigneux des extrémités du greffon. D'ailleurs, aucun signe systémique de réaction immunitaire n'a été décelé.
Etendue des mouvements satisfaisante.
«Le positionnement des greffons, dans cette série préliminaire, avouent les auteurs, aurait pu être meilleur.» Le moment de l'axe de rotation a été localisé dans la moitié postérieure de l'espace intervertébral. Depuis lors, sur une nouvelle série de patients, il a été amélioré. «Nous pensons que ce disque biologique est plus à même de trouver son nouveau moment d'axe de rotation qu'un disque artificiel sur lequel l'axe de rotation est prédéterminé à la fabrication.» Reste le problème de l'affaissement du greffon. Il avait été constaté chez l'animal et existe chez plus de 60 % de la population asymptomatique. Malgré cela, deux greffons montraient à cinq ans de bons signes d'hydratation, sans pouvoir présumer de sa durée.
Les auteurs concluent en évoquant un élargissement des indications de cette technique, lorsqu'elle sera «affinée». D'autres lésions discales pourront être traitées, tout d'abord au niveau cervical, puis au niveau lombaire, plus «complexe et hostile».
« Lancet », vol. 369, 24 mars 2007, 968-969 (éditorial) et 993-999.
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