L'audition par la Commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale des ministres concernés par le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2009 (PLFSS) a donné lieu à quelques passes d'armes, avant-goût du débat en séance publique qui aura lieu seulement à la fin du mois. Éric Woerth (Budget) et Roselyne Bachelot (Santé), notamment, ont défendu l' «ambition» et le «réalisme» de ce budget qui, dans un contexte économique très difficile, prévoit une légère baisse du déficit du régime général à hauteur de 8,6 milliards d'euros l'an prochain (contre 8,9 cette année).
Ils devront néanmoins déployer des trésors de pédagogie pour convaincre les députés, jusque dans les rangs de la majorité. Tout en notant le volontarisme de ce budget, Yves Bur (UMP, Bas-Rhin), un des rapporteurs du texte, a surpris l'auditoire en jugeant que ce PLFSS était sans doute déjà «daté» en raison des «forts risques que la crise fait peser sur les recettes» (moindre croissance de la masse salariale) . Il a suggéré de «sécuriser» les équilibres en recherchant des «recettes supplémentaires» et en pesant davantage sur les dépenses. Et s'est inquiété également des moyens à mettre en oeuvre pour garantir, enfin, le respect de l'ONDAM (dépassé de 750 millions d'euros en 2008).
Les mises en garde de Jean-Marie Le Guen.
Également «perplexe» quant aux recettes, Jean-Luc Préel (Vendée, Nouveau Centre) s'est inquiété de la fixation d'objectifs de dépenses «toujours pas médicalisés» et «toujours pas régionalisés» (le député plaide depuis des années pour des objectifs par région).
À gauche, c'est comme souvent le député socialiste de Paris Jean-Marie Le Guen qui a livré la charge la plus violente. «Nous sommes passés cette année d'une gestion délétère à une présentation surréaliste!», a-t-il tonné, dénonçant la « sixième présentation consécutive d'un déficit de la Sécu autour de 10milliards» et ironisant sur les transferts de la dette sociale (27 milliards d'euros) «dans l'allégresse». Il a fustigé un budget qui serait à la fois non sincère économiquement (sous-estimant les effets de la crise) et «intenable moralement», pointant ici «la dégradation de l'accès aux soins». Il est allé jusqu'à prévoir une «crise sanitaire systémique» dont les ressorts seraient la désertification médicale, le recul de l'accès aux soins et la dégradation de la qualité dans les hôpitaux publics «plongés dans les déficits».
Dans le même registre critique, Martine Billard (Gauche démocrate et républicaine) a considéré que la question des dépassements d'honoraires était «reportée» et que ce budget risquait d' «accentuer la médecine à deux vitesses».
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