LES RÉSULTATS d'une étude exploratoire, la première de ce type, sur la situation notamment en matière sociale et de santé de la population transsexuelle et des transgenres sont publiés cette semaine dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire ». L'étude a été réalisée via Internet entre mai et juin 2007, grâce à un questionnaire élaboré en collaboration avec les membres de la commission « trans » de l'association Act up et par le CRIPS (centre régional d'information de prévention et du sida) Ile-de-France. Il s'agit d'une enquête exploratoire qui a permis de montrer la faisabilité d'un recrutement par Internet d'une population jusque-là peu étudiée, même si les résultats ne rendent pas compte de la situation des travailleurs du sexe transsexuels qui n'ont pu être inclus, pour des raisons multiples : accès difficile à Internet, stigmatisation, illégalité du statut de résidence, mauvaise connaissance du français.
Insertion professionnelle, mais isolement social.
Au total, 179 personnes âgées de 19 à 69 ans ont répondu au questionnaire (âge moyen 39,6 ans). «Alors que la transidentité ne fait pas l'objet d'une définition explicite, les répondants correspondent bien à la population que l'étude cherche à cerner», soulignent les auteurs. Plus de 93 % se sont définis par rapport aux notions de transsexuels (72,6 %) ou de transgenres (54,8 %), 34 % répondant positivement aux deux items. Les auteurs notent aussi que les orientations sexuelles ne sont pas associées à l'identité déclarée. Parmi les participants, 41,9 % se déclarent hétérosexuels, 21,8 % homosexuels, 33,5 % ne se déclarent ni homosexuels ni hétérosexuels et 2,8 % se déclarent à la fois homosexuels et hétérosexuels.
La population de l'enquête se distingue de la population générale par moins de vies en couple (deux fois moins de personnes mariées qu'en population générale), moins d'activité sexuelle (61 % ont eu des rapports sexuels dans les douze derniers mois contre 87,2 % des femmes et 91 % des hommes en population générale), des prises de risque importantes, notamment en ce qui concerne les rapports bucco-génitaux, et le nombre de partenaires (4,4 dans les douze derniers mois contre 1 pour les femmes et 1,3 pour les hommes en population générale). Leur consommation de psychotropes et de drogues illicites est également plus importante (15,1 % ont expérimenté la cocaïne, 8 % l'héroïne contre 2 et 2,6 % en population générale). Toutefois, le niveau de recours aux soins ne diffère pas de celui observé en population générale. Le recours au test de dépistage du VIH y est même beaucoup plus important (79 % en ont réalisé un au moins une fois dans leur vie contre 50 % des femmes et 45,2 % des hommes), même si 21 % n'ont jamais fait de test. Le niveau d'étude est élevé et l'insertion socioprofessionnelle proche de celle de la population générale.
Bien que l'infection à VIH semble plus présente dans la population trans que dans la population générale, du fait de prises de risque plus importantes, elle apparaît nettement moindre que dans la population gay (5,7 % des répondants qui se sont fait tester se déclarent séropositifs, contre 13 % des répondants de l'enquête presse gay). Enfin, la crainte d'une discrimination du fait de la transsexualité est évoquée par 49 % des participants, soit parce qu'ils l'ont subie, soit parce qu'ils ont renoncé à un droit, de peur d'en subir une. Ainsi, 20 % des personnes interrogées déclarent avoir renoncé à voir un médecin au cours de ces douze derniers mois par crainte d'être discriminés.
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