L’ipilimumab est un anticorps monoclonal entièrement humain développé par Bristol-Myers Squibb. Son mode d’action consiste à bloquer une voie de signalisation associée à une molécule située en surface des lymphocytes T (antigène du lymphocyte T cytotoxique 4 ou CTLA-4), et ainsi à stimuler la réponse du système immunitaire face au mélanome. Cette molécule avait déjà démontré des résultats favorables dans des études de phases 2 ou elle était prescrite en monothérapie ou en association à d’autres traitements incluant des vaccins. Cette nouvelle étude de phase 3, randomisée, en double aveugle, menée auprès de 676 patients à travers le monde ayant un mélanome métastatique de stade III ou IV et en échec thérapeutique, vient de montrer qu’un net gain de survie était possible.
« Ces résultats représentent une avancée exaltante à la fois pour ces malades et pour le champ de recherche en immunologie du cancer » déclare le Dr Steven O’Day, Professeur associé à la faculté de médecine de l’Université de Californie du sud, qui a conduit cette étude. Les patients ont été suivis durant 55 mois, 70 % avaient des métastases viscérales et plus de 36% un taux élevé de lactate deshydrogénase - tous deux facteurs de mauvais pronostic. Ils ont été répartis en trois groupes : ipilimumab en combinaison avec un vaccin (gp100) - dont on a démontré qu’il augmentait la réponse immunitaire sans activité antitumorale avérée -, ipilimumab seul ou vaccin seul. Le traitement traditionnel était réintroduit en cas de progression des lésions.
Le critère principal de jugement était la survie globale dont la médiane a été de 10 mois pour le groupe ipilimumab /vaccin, 10,1 mois pour ipilimumab seul et 6,4 mois pour le groupe vaccin seul, soit un gain de près de 4 mois en faveur de l’ipilimumab. Les taux de survie pour les groupes ipilimumab/vaccin; ipilimumab seul ou vaccin seul, ont été respectivement 43,6 %, 45,6 % et 25,3 % à 12 mois, 30 %, 33,2 % et 16,3 % à 18 mois et 21,6 %, 23,5 % et 13,7 % à 24 mois. L’efficacité de l’ipilimumab était indépendante de l’âge, du sexe, du taux initial de lactate deshydrogénase, du stade métastatique de la maladie et d’un traitement - ou non -antérieur à base d’interleukine-2. Les effets secondaires (essentiellement cutanés et gastro-intestinaux) ne sont néanmoins pas négligeables et peuvent être sévères : grade 3 à 4 pour 10 à 15 % des patients sous ipilimumab, la plupart étant réversibles sous traitements. Au cours de l’essai, 14 décès en rapport avec les médicaments (2,1%) ont été observés dont 7 étaient associés à des événements de nature immunitaire.
Ces résultats très encourageants devraient déboucher assez rapidement sur l’autorisation de mise sur le marché par la Food and Drug Administration (FDA) américaine.
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