Pour la première fois, aujourd'hui, le conseil d'administration du Fonds global des Nations-Unies de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme est réuni et devrait commencer à envisager le financement de programmes de lutte contre le SIDA dans les pays en développement.
Prévue de longue date, la réunion doit se dérouler pendant deux jours (les 28 et 29 janvier) à Genève, sous l'œil attentif d'observateurs (associations de lutte contre le SIDA et représentants des pays pauvres).
Beaucoup d'espoirs avaient été mis sur ce fonds, né sur proposition du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, au sommet du G8 à Okinawa (Japon) en juillet 2000, puis adopté en 2001 à Gênes (Italie), au sommet de ce même G8. L'hésitation des gouvernements à apporter leur contribution financière a ensuite déçu : le fonds dispose actuellement de 1,6 milliard de dollars dont la majorité provient d'initiatives privées. Kofi Annan en veut 7 à 10 milliards. On est loin du compte. Néanmoins, environ 700 millions de dollars peuvent être déboursés en 2002.
Act up accuse l'OMS
Vendredi, à Paris, l'association Act-Up s'est trouvé une tribune de choix pour faire entendre sa voix, à la veille de la réunion du fonds global. Interrompant brutalement un séminaire consacré au « SIDA, enjeu de sécurité globale » et organisé par l'ambassade royale de Norvège à l'occasion du centenaire du prix Nobel, plusieurs militants d'Act Up ont pris à partie le représentant de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et ont réclamé que l'OMS fasse pression pour que « 30 % du fonds global soient consacrés aux traitements dans les pays du Sud ». Brandissant des affiches imprimées en blanc sur fond noir, « SIDA, l'autre guerre ; 10 000 morts par jour », les membres d'Act Up ont accusé l'OMS d'être « complice » de ce désastre, avant de scander : « Des trithérapies pour tous. »
« L'OMS ne dirige pas le fonds mondial, s'est défendu le représentant de l'organisation . L'accuser d'être complice est déplacé et faux. Nous demandons sans cesse que les fonds soient améliorés. Nous allons continuer à pousser dans ce sens de plus en plus loin jusqu'à ce que l'on épuise notre énergie. »
Le Pr Marc Gentilini, président de la Croix-Rouge française, est de ceux qui ont « un jugement sévère sur les errances de l'OMS, au départ ». Lors du séminaire, il s'est souvenu qu'en 1992 l'organisation avait « tempéré les décisions des politiques africains, leur laissant entendre, en substance, qu'ils ne devaient pas se laisser berner par un certain nombre d'experts », alarmistes sur la question du SIDA. « Nous avons vu des chefs d'Etat africains se lancer dans un déni de l'importance de la question », insiste le Pr Gentilini. Il ajoute que, depuis, l'OMS « s'est réformée ».
Pour autant, le président de la Croix-Rouge française n'est « pas partisan » du style de manifestation organisée par Act Up, même s'il « en comprend l'existence ». « Ceux qui manifestent le font quand même très tard, dit-il. J'eusse aimé que cette manifestation ait eu lieu il y a dix ans, quand, déjà, il fallait dénoncer la situation en Afrique. A ce moment-là, on était autorisé à en parler sur les ondes à deux heures du matin. »« Cela va encore très mal, a-t-il poursuivi . Des réunions comme celles-ci sont agréables et remarquables, mais insuffisantes. Si, à la fin de cette journée, la Norvège disait : "Je vais participer à ce que vous faites" (NDLR : au financement de programmes concrets en Afrique par exemple) , je me dirais que je n'ai pas perdu ma journée. »
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature