Dans les années 1960 et 1970, des naissances vivantes avaient déjà été obtenues chez des souris ayant subi une ablation suivie d'une réimplantation de leur propre utérus. L'expérience décrite par les Suédois est différente fondamentalement de ces travaux préliminaires : un utérus est prélevé à une souris et greffé en position physiologique au contact immédiat de l'utérus natif. Les donneurs ont été choisis parmi des souris génétiquement identiques - pour étudier les possibilités de nidation et de développement - ou proches - pour préciser les phénomènes de rejet. Les souriceaux nés de cette technique se sont révélés normaux morphologiquement et non stériles lors de leur développement. « L'un des problèmes les plus aigus avec ce type de greffe tient aux conditions de conservation des tissus prélevés avant leur réimplantation », expliquent les auteurs. Trois différentes techniques de conservation ont été comparées : vingt-quatre ou quarante-huit heures dans la solution habituellement utilisée pour les greffes de rein ou vingt-quatre heures dans une solution isotonique de chlorure de sodium. « C'est la première de ces techniques qui a permis d'obtenir les meilleurs résultats en termes de viabilité du greffon. Chez cinq des sept souris greffées de cette manière, des nouveau-nés viables ont pu être obtenus », précise le Pr Brännström.
L'autre question que pose ce type de greffe tient aux phénomènes de rejet. On sait en effet que l'intensité des rejets est différente selon les tissus greffés et dépend de la vascularisation, du type des cellules greffées et du nombre de cellules immunitaires greffées. Les phénomènes de rejet ont débuté dès le 2e jour. Au 10e jour, les investigateurs ont noté des phénomènes de rejet aigu et, au 15e jour, il existait une nécrose du tissu greffé.
Traitement antirejet et grossesse
« Ce travail pourrait avoir des répercussion à l'avenir chez les femmes. Mais il est encore néanmoins très prématuré d'envisager des greffes utérines. La question du rejet dans l'espèce humaine n'a pas encore été abordée et on ne connaît pas les effets d'un traitement immunosuppresseur sur une éventuelle grossesse », précisent les auteurs. Si ces questions sont un jour résolues, il sera alors possible d'envisager ce type de greffe chez les 3 à 4 % de femmes atteintes de malformations utérines congénitales et chez celles qui sont atteintes de léïomyomes opérés, de syndrome d'Asherman ou chez celles qui ont subi une hystérectomie d'urgence pour cause d'hémorragie du post-partum.
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