Pendant quatre jours, les experts en sécurité alimentaire venus de plus de quarante pays ont planché sous l'égide de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), avec le « coparrainage » de la Communauté européenne.
Enjeu des travaux, le fort accroissement des maladies d'origine alimentaire dans l'ensemble de l'Europe au cours des dix dernières années. Car même si les produits alimentaires n'ont jamais été aussi sûrs qu'aujourd'hui et même si les systèmes de surveillance les plus perfectionnés détectent de plus en plus de cas de maladies d'origine alimentaire, « le nombre de gens qui souffrent - ou même périssent - des suites de maladies liées à l'alimentation est encore trop élevé », a rappelé le sous-directeur de la FAO, Hartwig de Haen.
Salmonelle et Campylobacter
Dans les pays industrialisés, une personne sur trois est victime d'une intoxication alimentaire dans l'année, ce qui se traduit par des pertes économiques de l'ordre de plusieurs milliards de dollars. Surtout, a souligné le Dr David Nabarro, directeur exécutif de l'OMS, « les souffrances et les décès sont particulièrement nombreux parmi les enfants, les femmes enceintes, les malades, ainsi que les personnes âgées ».
C'est la salmonelle qui constitue la cause la plus fréquente des maladies alimentaires en Europe, que ce soit dans les pays de l'Est ou dans ceux de l'Ouest, avec des infections contractées tant au domicile que dans les restaurants, cantines et hôpitaux.
Toujours sur le plan microbiologique, le Campylobacter est aujourd'hui la bactérie pathogène gastro-intestinale la plus fréquemment signalée, en particulier au Danemark, en Finlande, en Islande, en Irlande, aux Pays-Bas, en Norvège, en Suède, en Suisse et au Royaume-Uni.
Au chapitre des risques chimiques, autre grande source de préoccupation de santé publique, la pollution industrielle de l'atmosphère, des sols et de l'eau est particulièrement inquiétante dans les pays d'Europe centrale et orientale.
Certes, remarquent les experts, les politiques et les réglementations nationales de sécurité sanitaire et de qualité des aliments sont très diverses en Europe, les Républiques d'Asie centrale étant beaucoup moins bien loties que les quinze membres de l'Union européenne. Sans vouloir militer pour l'adoption d'un régime alimentaire européen type, les spécialistes estiment que « l'enjeu consiste à harmoniser les règles dans la diversité ». Et les délégués de souligner que « les problèmes (...) ont été aggravés par le manque de collaboration entre les pouvoirs publics. » Ils entendent donc « promouvoir un dialogue avec les consommateurs et encourager la collaboration interdisciplinaire tout au long de la chaîne alimentaire (...) La multiplicité des autorités au niveau national et des organisations internationales doit uvrer de concert et multiplier ses efforts ».
Prototype de ces nouvelles campagnes entreprises à l'échelle internationale, un certain nombre d'évaluations de risques microbiologiques viennent d'être lancées sur les combinaisons aliments-substances pathogènes que sont la Listeria dans les aliments prêts à consommer, le Campylobacter chez la volaille, le vibrion dans les fruits de mer et la salmonelle dans les ufs et la volaille.
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