Peut-on donner une culture commune à 14 professions de santé différente ? Peut-on en profiter au passage pour en finir avec le « gâchis humain » des recalés du PCEM1 et du PCEP1 ? Une première année d'étude commune aux médecins, pharmaciens, chirurgiens-dentistes, sages-femmes, infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, ergothérapeutes, psychomotriciens, orthophonistes, orthoptistes, pédicures-podologues, audioprothésistes, manipulateurs en électroradiologie médicale et technicien en analyses médicales est-elle possible ?
A ces trois questions, Domitien Debouzie, président de l'université Claude-Bernard (Lyon-I), répond « oui » dans le rapport qu'il vient de remettre aux ministres de la Santé et de l'Education nationale.
Afin de faciliter une opération qui s'annonce administrativement et matériellement difficile, le responsable de la commission pédagogique nationale pour la réforme de la première année des études de santé (installée en avril 2002 par Bernard Kouchner et Jack Lang) a écarté, dans ses propositions, les diététiciens et les opticiens-lunetiers. Il a aussi opté pour une mise en œuvre progressive de la refonte des « études de santé » - dans un premier temps, suggère-t-il, il faudrait que la réforme ne soit expérimentée que par certaines régions volontaires. Celles-ci auront pour mission de lister toutes les difficultés qu'elles rencontreront.
Des difficultés dont Domitien Debouzie ne fait pas mystère qu'elles surgiront, même s'il s'emploie à déblayer le terrain à travers quinze propositions et à livrer aux pouvoirs publics une architecture clés en main. La future année commune serait organisée en deux semestres : le premier comporterait un tronc commun à tous les étudiants ; le second se déclinerait entre « sciences » ou « sciences humaines et sociales ». Ayant choisi l'une ou l'autre de ces voies, les étudiants pourront, à la fin de l'année, passer les concours (14 pour chaque voie) de toutes les professions de santé (en théorie, ils peuvent se présenter à autant d'épreuves qu'il leur plaira, en pratique, ils seront encouragés à ne présenter que deux, voire trois concours. Le pourcentage d'étudiants recrutés par les médecins, les kinés ou les orthoptistes... sera défini nationalement. Les concours, organisés par université et bien séparés par profession de santé, comporteront tous un écrit et un oral.
Soucieux de ne pas faire de cette nouvelle année une année perdue pour ceux qui échoueraient aux concours (on ne pourra s'y présenter que deux fois, et primants et redoublants seront logés à la même enseigne), Domitien Debouzie prévoit des passerelles permettant aux étudiants de rallier d'autres cursus universitaires aussi bien à la fin du premier semestre qu'à la fin de l'année complète. Il instaure également une « seconde chance tardive » pour une admission sur dossier des étudiants titulaires d'une licence ou d'un master, suggérant même de réserver à ces recrues « une part significative du numerus clausus ou du quota de chaque profession ».
En pratique, la France ne dispose pas, aujourd'hui, des moyens nécessaires à la mise en œuvre d'un tel projet, reconnaît le rapport. Les locaux, les enseignants, les logements étudiants, les structures de gestion administrative du dispositif... tout manque pour accueillir entre deux et trois fois plus d'étudiants que ceux aujourd'hui inscrits en PCEM1 et PCEP1 (études de pharmacie).
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