Six mois, c’est un peu court pour juger de l’action d’un nouveau gouvernement sur la politique de santé. Mais c’est un délai suffisant pour réussir ou pour rater une rentrée ministérielle. Accordons pour l’heure à Marisol Touraine une prime à la réactivité. À la différence d’une Roselyne Bachelot qui avait mis plus d’un an pour chercher un impossible consensus et annoncer des orientations, l’actuelle locataire de l’avenue de Ségur a démarré sur les chapeaux de roue. Et elle a déjà à son actif, un accord avec les médecins libéraux. Incontestablement, elle a aussi le sens des priorités. Avec un objectif clair : l’amélioration de l’accès aux soins, qu’il soit financier ou géographique.
La ministre de la Santé fait-elle pour autant une politique différente de ses prédécesseurs ? Oui et non. Elle montre, c’est vrai, une claire volonté de revaloriser la médecine générale qui tranche avec les hésitations de ces dernières années. Mais elle ne reviendra pas sur les réformes passées : ARS, médecin traitant, P4P et même T2A ont encore de beaux jours devant eux... Et le PLFSS 2013 n’a pas produit de virage à 190°. Le gouvernement n’a certes pas augmenté le ticket modérateur des assurés, mais il n’a pas supprimé les franchises des années Sarkozy, au grand dam de l’opposition de gauche à l’actuelle majorité…
Dès lors, à défaut de radicalité, Marisol Touraine sera peut-être surtout jugée sur son efficacité. Fera-t-elle mieux que ses prédécesseurs sur les sujets qui préoccupent les Français sans s’aliéner le monde des soignants ? La réponse ne dépend pas seulement des instruments utilisés. Concernant les déserts médicaux, le plan présenté hier dans la Vienne renvoie à une politique d’incitations tous azimuts qui, pour être bien reçue par les jeunes, doit encore faire ses preuves sur le terrain. Et s’agissant de la régulation des honoraires libres, l’accord du 26 octobre a beau avoir été porté par l’ensemble des syndicats, il n’est pas sans ambiguïtés. Sur la frontière entre dépassements autorisés et tarifs abusifs ou sur l’attractivité du futur « contrat d’accès aux soins » destiné aux « repentis » du secteur 2, les mois qui viennent réserveront sans doute des surprises. La ministre affiche une détermination sans faille sur tous ces fronts. Il va lui falloir prouver rapidement que ses solutions améliorent l’offre de soins. Pour cela, elle a sur son prédécesseur immédiat, l’avantage du début de mandat, avec a priori du temps devant elle pour faire prévaloir ses vues. En politique, ça n’a pas de prix.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature