Pour la première fois, les effets tardifs de l'hyponatrémie, fréquemment observée chez les prématurés nés avant la 33e semaine, sont analysés grâce à une étude britannique (J. Al-Dahhan et coll.). Le déficit sodé prédispose à de moins bonnes performances psychomotrices à partir de l'âge de 10 ans. L'action délétère du déficit sodé sur le développement du système nerveux central serait en cause. En conséquence, une supplémentation en sodium (4-5 mmol/jour) dans les deux premières semaines de la vie est essentielle non seulement pour prévenir l'hyponatrémie, mais pour les acquisitions ultérieures de ces enfants.
L'étude a été réalisée à partir d'un travail précédent. Il avait montré que, chez les prématurés de moins de 35 semaines, une déperdition rénale et digestive du sodium aboutit, à terme, à un déficit de la balance sodée et à une hyponatrémie. Elle avait aussi montré qu'une augmentation des apports quotidiens prévient le déficit et conduit à une prise de poids plus rapide. Ce résultat avait été obtenu grâce à l'évaluation du déficit sur un groupe contrôle de 24 prématurés. La dose préventive de chlorure de sodium avait ainsi pu être déterminée. Les effets de la supplémentation (du 4e au 14e jour) avaient ensuite été analysés sur 22 autres prématurés.
Le lait maternel adapté
Dix à treize ans plus tard, les auteurs ont repris ces données et les ont corrélées aux résultats des tests d'acquisition de ces mêmes enfants : moteurs (dextérité manuelle, jeux de balle, équilibre), psychomoteurs (test de QI, analyse de la mémoire verbale et non verbale, visuelle et non visuelle), niveau scolaire et aptitude d'apprentissage.
Sur 46 enfants de l'étude princeps, seulement 37 ont participé à l'étude actuelle (16 supplémentés, 21 contrôles).
La différence entre les deux groupes a été significative dans la plupart des domaines explorés : performance motrice, test de QI, tests de mémoire. Les enfants chez qui la déplétion sodée avait été compensée avaient moins de troubles du comportement (estimés par les parents), un apprentissage et des acquisitions du langage meilleurs.
Ces conclusions sont en accord avec les données d'autres travaux, en particulier l'étude de Lucas et coll., qui comparaient des enfants nourris soit au lait maternel, soit à un lait standard. Les auteurs précisent, en effet, « qu'il a été établi que le lait sécrété dans les premiers jours chez des mères ayant accouché prématurément est plus concentré en sodium que le lait des femmes accouchées à terme ».
Arch Dis Fetal Neonatal, éd. 2002 ; 86 : pp. 120-123.
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