Une prééclampsie, avec hypertension et protéinurie, menace entre 3 et 5 % des grossesses. Les causes de cet événement assorti d'une menace vitale ne sont pas bien connues. Différentes pistes ont été trouvées, sans parvenir à une explication totalement satisfaisante. Un effet préventif paradoxal a été montré si la mère est tabagique. Des gènes maternels et foetaux (provenant d'une origine paternelle, « le Quotidien » du 22 mars 2001) jouent probablement aussi un rôle : le risque pour une femme de présenter une deuxième prééclampsie après la survenue d'un premier événement est multiplié par douze avec le même père.
La recherche de gènes candidats de la prééclampsie a conduit à un groupe de gènes impliqués dans la thrombophilie, état que l'on sait être accompagné d'une augmentation des décès par maladies cardio-vasculaires. Par ailleurs, certains auteurs supposent l'existence de facteurs de risque communs à la prééclampsie et à l'athérosclérose.
En montrant que les femmes qui présentent une prééclampsie, aboutissant à un accouchement prématuré, ont un risque multiplié par huit de décès cardio-vasculaire, l'étude de l'équipe norvégienne de Bergen (premier signataire Henri Irgens) conforte le lien entre la survenue d'une prééclampsie et le risque cardio-vasculaire. Mais les résultats dégagent les pères de cette responsabilité.
Irgens et coll. se sont livrés à une étude de population en utilisant des données du Registre des naissances de Norvège, où sont consignées toutes les naissances après 16 semaines de gestation entre 1967 et 1992, et les ont croisées avec celles du Registre des causes de décès.
Les pères et mères des 626 272 naissances correspondant à une primiparité pendant ce laps de temps ont été prises en considération, en isolant un groupe comportant les cas où une prééclampsie était survenue. Dans ce dernier groupe, les patients ont été stratifiés en fonction du terme de la naissance (la prématurité correspondant à une prééclampsie plus sévère). On a pris en compte la mortalité totale, pour des raisons cardio-vasculaires, pour des cancers et pour des AVC.
C'est ainsi que l'on a constaté que les femmes ayant souffert de prééclampsie avaient un risque à long terme de décès multiplié par 1,2. Que ce risque lors d'une prééclampsie avec accouchement prématuré est 2,71 fois plus élevé. Et que le risque de décès pour des raisons cardio-vasculaires est alors 8,12 fois plus haut. Ces femmes ont en même temps une protection relative (non significative) contre la survenue de cancers.
On a regardé ce qui se passait chez les pères. Et vu qu'il n'existe pas de différence entre les groupes des grossesses avec ou sans prééclampsie, en ce qui concerne la survenue à long terme des décès cardiovasculaires.
« British Medical Journal », vol. 323, 24 novembre 2001, pp. 1213-1216 et éditorial p. 1217.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature