En l'absence d'un traitement, l'intérêt d'identifier des anomalies neurologiques associées à la susceptibilité génétique de la maladie d'Alzheimer (MA), longtemps avant l'apparition des troubles cognitifs, réside dans les perspectives ouvertes pour la mise au point d'une prévention primaire.
Les études par PET-scan (qui utilise le fluorodésoxyglucose) ont montré que les patients souffrant d'une MA présentent une diminution du métabolisme du glucose, avec un déclin progressif au cours du temps, détectée au niveau de différentes régions cérébrales : sur la cingula postérieure et sur des sites du cortex pariétal, temporal et préfrontal.
L'équipe d'Eric Reiman (Phoenix, Arizona), comme d'autres, utilise cette imagerie pour détecter les anomalies fonctionnelles cérébrales avant l'apparition de la démence chez des porteurs d'un gène de susceptibilité, l'allèle epsilon 4 de l'apo E (associé à la moitié des cas de MA d'apparition tardive).
L'allèle epsilon 4 de l'apo E
Dans un travail antérieur, ils avaient montré que des sujets de 50 à 65 ans porteurs du gène et ayant des fonctions cognitives normales présentent les anomalies du métabolisme du glucose au niveau des mêmes régions.
Les chercheurs se sont alors intéressés aux porteurs d'une susceptibilité génétique à un jeune âge. Ont été recrutées des personnes présentant le génotype epsilon 3/epsilon 4 de l'apoE, génotype trouvé chez 20 à 23 % des personnes dans la population caucasienne et 11 à 36 % d'autres groupes ethniques.
Un appel à des volontaires âgés de 20 à 39 ans a été publié dans la presse. Douze personnes ayant le trait génétique ont pu être incluses et 15 autres dénuées de l'allèle epsilon 4. Les deux groupes étaient comparables pour l'âge, le sexe, le niveau d'éducation, les signes cliniques et les scores aux tests neuropsychologiques. Des examens par IRM et par PET-scan ont été réalisés.
Ceux-ci révèlent le même type d'anomalies dans des régions qui se recoupent significativement avec les régions atteintes chez des personnes souffrant d'une MA installée.
Les anomalies du cingulum postérieur
« La littérature et nos découvertes nous font supposer que les anomalies du cingulum postérieur sont apparentes avant le début des troubles mnésiques chez les personnes à risque de MA, et que le volume de l'hippocampe - que l'IRM montre diminué - commence à décliner plus tard, au moment des troubles de la mémoire et peu avant le début de la démence. »
La MA atteint environ 10 % des sujets de plus de 65 ans et l'allèle epsilon 4 est présent chez près d'un quart de la population. La détection des anomalies cérébrales ne signe donc pas la survenue de la maladie.
Les liens entre les anomalies métaboliques du glucose et les traits histopathologiques de la MA doivent être élucidés, soulignent les auteurs.
La présence d'anomalies fonctionnelles cérébrales très précoces fait évoquer la possibilité de troubles du développement en cause dans la MA (postnatal précoce ou anténatal).
« Proc Natl Acad Sci USA », édition avancée en ligne.
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