Une étude longitudinale menée en Finlande pendant huit ans auprès d'une population d'enfants issus de familles « à risque » a tenté de déterminer les facteurs prédictifs de la dyslexie chez l'enfant. Une première prise de contact auprès de plus de 8 000 familles à la maternité a permis d'inclure dans cette étude 117 familles à risque et un groupe contrôle de 105 familles.
La définition du risque familial était fondée sur l'existence ou non d'une dyslexie chez un parent au premier ou au second degré (vis-à-vis de l'enfant). A raison d'un à trois entretiens annuels avec les familles, depuis la naissance de l'enfant jusqu'à l'âge scolaire, les chercheurs ont voulu couvrir « les aspects les plus importants du développement » des enfants.
« Les adultes choisis dans l'étude avaient des profils très hétérogènes », explique Heikki Lyytinen, qui présentait l'étude lors d'un symposium sur la dyslexie. Pourtant, assez tôt, des profils d'enfants se dessinent. « On s'aperçoit dès les premières semaines de vie, puis lors des tests effectués à six mois, que les réactions aux stimuli sous forme de paroles sont différentes dans les deux groupes. » Cette différence se confirme plus tard dans le comportement des enfants face à une demande exprimée verbalement, puis au moment de l'acquisition du langage, et enfin lors de l'apprentissage de la lecture.
Selon les chercheurs, « parmi les enfants qui parlent difficilement à 2 ans, ceux qui sont dans le groupe à risque - biologiquement parlant - auront toujours un retard dans les acquisitions deux à trois ans plus tard, alors que les autres auront rattrapé leur retard entre-temps ». Plus généralement, près de la moitié des enfants du groupe à risque présentent un retard dans l'acquisition de la lecture. Les chercheurs supposent que l'on peut déterminer assez tôt dans la vie de l'enfant une accumulation de facteurs de risque. Cependant, si la prévention au début de l'acquisition de la lecture se révèle efficace, les interventions plusieurs années avant l'âge de la lecture se sont révélées non significatives sur l'évolution du trouble.
* Société européenne de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent (voir aussi « le Quotidien » d'hier).
Près d'un enfant sur dix
Selon Coridys, la Coordination des intervenants auprès des personnes souffrant de dysfonctionnements neuropsychologiques, de 8 à 10 % des enfants normalement scolarisés présentent « un réel handicap lié à la dyslexie » ; de même, on relève une disproportion significative entre les sexes dans un rapport de 3 à 4 garçons pour une fille. Cette fréquence « est stable dans l'histoire des données connues, et atteint toutes les populations de la même manière ».
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